C'est le genre de film qui se fait laminer, qu'importe, moi j'aime bien, ça me détend et celui-ci n'est pas le navet auquel on peut s'attendre au premier abord. C'est du Menahem Golan, donc c'est un film musclé, ce producteur co-fondateur de la Cannon Group avec son cousin Yoram Globus, ayant produit une quantité incroyable de films d'action durant toute la décennie 80. Leur filon a été juteux et servait la soupe à Charles Bronson d'abord avec le Justicier de minuit ou le Justicier de New York, puis à Chuck Norris avec Portés disparus, Invasion USA ou le Temple d'or... et ensuite à Stallone avec Over the Top (que Golan réalise) et Cobra. Mais il a aussi produit des films d'un excellent niveau comme Runaway Train.
Il ne faut pas donc trop vite jeter la pierre sur Golan qui a su donner des films calibrés sur un héros sauveur du monde libre ou un justicier qui remet les pendules à l'heure, c'est du ciné populaire musclé et efficace, le plus souvent pro-ricain, il en faut. Avec Delta Force, on est justement dans un bon créneau, c'est certes calibré et ça glorifie surtout Chuck Norris qui incarne une sorte de Rambo vengeur qui mène son action individualiste à l'aide de gadgets offensifs, tandis que Lee Marvin fait triompher l'efficacité militaire US, chacun sa méthode, mais c'est pas mal d'associer 2 générations d'acteurs spécialisés dans le film remuant : le vétéran Marvin dont c'était l'un des derniers films, et le peu loquace Norris qui fait son festival.
Le film part en plus d'un fait réel, celui du détournement vers Beyrouth d'un avion de la TWA parti d'Athènes en 1985 en direction des Etats-Unis, par des terroristes arabes ; avec le problème des otages juifs qui se pose, Menahem Golan qui produit et réalise, imagine 2 films très dramatisés mais très différents : d'abord une sorte de film catastrophe dans la tradition de 747 en péril, où les passagers sont présentés avec un potentiel mélodramatique, puis interviennent les 2 stars Marvin et Norris avec leurs groupes d'intervention de commandos anti-terroriste, mais Chuck joue ensuite au solitaire en s'inspirant de Rambo. Cette seconde partie est assez irréaliste, mais l'essentiel est de divertir avec un petit fond de réflexion, c'est rondement mené en assumant parfaitement naïvetés et invraisemblances, le film bénéficie d'un gros casting entourant Marvin et Norris (George Kennedy, Robert Forster, Martin Balsam, Hanna Schygulla, Shelley Winters, Bo Svenson, Robert Vaughn, Steve James etc...) et se regarde donc comme un vrai spectacle.