Dédiée au producteur Albert R. Broccoli, décédé un an avant la sortie du film, Demain ne meurt jamais est la dix-huitième aventure de l'agent 007 et la seconde mettant en scène Pierce Brosnan dans le rôle mythique. Mis en chantier le plus rapidement possible suite à l'immense succès de Goldeneye, le projet devra composer avec un script en constante mutation.
Ce qui pourrait en partie expliquer l'aspect chaotique et peu palpitant du scénario, mettant en scène un bad guy affreusement caricatural et peu crédible, à savoir un magnat de la presse mégalo et tout puissant, mais pas franchement menaçant. Une critique des médias de plus en plus envahissant sûrement dans l'air du temps mais peu judicieuse pour un James Bond.
Alors que Goldeneye faisait le choix de revenir à un récit de pur espionnage, ancré de plus dans la situation géopolitique de l'époque, Demain ne meurt jamais bazarde tout cet aspect afin de privilégier l'action pure et dure. Ce qu'on perd en suspense, on le gagne en spectaculaire, le film de Roger Spottiswoode proposant un lot conséquent de séquences fort sympathiques et parfaitement chorégraphiées.
Dans la peau de l'agent le moins discret de sa majesté, Pierce Brosnan se montre définitivement à l'aise, crédible dans l'action, même si le personnage semble perdre au passage toute psychologie pour se transformer en pantin purement fonctionnel. De son côté, Jonathan Pryce cabotine à mort, pas aidé par une écriture foireuse. Côté James Bond Girl, si Teri Hatcher souffre d'un temps de présence trop faible pour illustrer convenablement le côté tragique de son personnage, Michelle Yeoh fait des étincelles et s'avère parfaitement complémentaire à son homologue masculin.
Carré et spectaculaire, offrant également une des meilleures chansons d'ouverture depuis longtemps, Demain ne meurt jamais ne réitère malheureusement pas l'exploit de son prédécesseur, la faute à une intrigue rachitique dont on se fout royalement du début à la fin.