Le magnat de la presse Elliot Carver (Jonathan Pryce) lance un nouveau réseau d'information, le journal et la chaîne Tomorrow. Pas de problèmes à cela, sauf que pour s'assurer un lancement digne de ce nom, il décide d'initier une guerre entre la Chine et le Royaume-Uni... James Bond (Pierce Brosnan) est alors envoyer en mission pour lui mettre les bâtons dans les roues.


Ce qu'il y a de bien, avec James Bond, c'est qu'à chaque film, on est à peu près sûr d'avoir sa dose de bon divertissement, efficace et distrayant.
Ce qu'il y a de moins bien, avec James Bond, c'est qu'à partir d'un moment, on est totalement rentré dans la logique "saga". Chaque film doit entretenir les codes que l'on connaît et c'est très bien, mais au bout d'un temps, on commence à avoir un peu l'impression de voir toujours le même film. Certes, parfois, ils réussissent à tirer leur épingle du jeu, grâce à certaines originalités d'écriture qui creusent les personnages (la période Timothy Dalton, excellente) ou à une inventivité sympathique dans l'écriture des scènes d'action. Et parfois, le train-train avance de manière très plaisante mais qui nous empêche de nous impliquer vraiment dedans.
Malgré ses indéniables qualités, Demain ne meurt jamais appartient plutôt à la deuxième catégorie.


En effet, il est souvent assez difficile de trouver une réelle personnalité au film de Roger Spottiswoode, qui n'en fait pas moins très bien son travail.
Souffrant d'un rythme pas toujours au top, Demain ne meurt jamais manque avant tout de réels morceaux de bravoure. En-dehors d'une poursuite musclée dans les rues de Saigon (qui s'appelle Hô Chi Minh-Ville depuis 1975 : pour un magnat de la presse, Elliot Carver est mal renseigné) et éventuellement de la voiture télécommandée dans le parking de Hambourg, on a peu de séquences cultes à se mettre sous la dent, malgré l'indéniable charme de Michelle Yeoh, séduisante James Bond girl qui ne se laisse pas faire. La séquence finale dans le bâteau furtif de Carver ne manque pas d'énergie, mais constitue néanmoins un climax un peu faible.
A cette image, Demain ne meurt jamais se contente trop souvent d'aligner sans grande inventivité tous les attendus d'un James Bond classique, trop classique. Plus grave, même les destinations n'arrivent pas à faire rêver, l'exotisme se trouvant mis de côté pour les besoins d'un récit certes captivant, mais qui aurait mérité qu'on laisse un peu plus de place au tourisme, comme tout bon James Bond qui se respecte.


Heureusement, un James Bond sans originalité reste un bon film et un bon divertissement, et Demain ne meurt jamais ne fait pas exception à la règle.
Pierce Brosnan fait toujours merveille dans le rôle principal, admirablement secondé par Michelle Yeoh, et Jonathan Pryce compose une excellente figure de méchant. Grâce à lui, le film peut s'autoriser une charge plus que plaisante contre le pouvoir des médias et la désinformation, qui constitue très clairement le principal intérêt de cet épisode de la saga.
Enfin, sur la forme, Demain ne meurt jamais bénéficie tout de même d'un atout que les autres James Bond n'ont pas : Robert Elswit. Aucun film de la saga ne pèche par des soucis de mise en scène, mais peu d'entre eux peuvent se vanter d'avoir à la caméra le directeur photo attitré de Paul Thomas Anderson (qui fera d'ailleurs merveille également sur les futurs Mission Impossible 4 et 5, somptueux à souhait). Il a beau en être à ses débuts dans Demain ne meurt jamais, il accomplit déjà un excellent travail, et on se plait régulièrement à admirer des plans parfaitement travaillés, témoins d'une époque où l'on savait encore filmer l'action et faire du vrai cinéma dans un blockbuster.
Enfin, une des plus grandes surprises du film provient de la bande-originale : David Arnold s'y révèle sans doute la meilleure relève de John Barry, exploitant d'une manière jouissive les thèmes musicaux initiaux, sur un ton symphonique pleinement assumé rappelant presque par moments les grandes heures d'un John Williams, et sachant détourner comme il faut, au moment où il le faut, ces thèmes emblématiques de l'agent 007.


Ainsi, Demain ne meurt jamais n'a rien d'un mauvais James Bond, ni d'un mauvais film. Il manque toutefois d'un peu d'originalité pour le hisser au rang des meilleurs films de la saga. En l'état, il en reste un élément solide, qui se regarde tout de même avec un réel plaisir.

Tonto
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le 4 sept. 2020

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Tonto

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