Tourné en 1993, Demolition Man ne donne que trois ans à Los Angeles pour sombrer dans le chaos le plus total, avant d'être transformée en société aseptisée digne d'Aldous Huxley. En effet, dans ce paradis futuriste, il n'est plus question de forniquer, de fumer, de jurer, ou même de se torcher avec du bon vieux papier de verre. Tout ce qui donne à la vie toute sa saveur, quoi.
Heureusement pour notre plus grand plaisir régressif, deux petits poils à gratter issus des glorieuses 90's vont venir foutre le boxon. A la droite du ring, vous avez donc Sylvester Stallone, 47 ans au moment des faits et action hero des 80's n'ayant plus rien à prouver et qui vit ici ses derniers instants de gloire avant fort longtemps. De l'autre côté, le jeunot Wesley Snipes, tout juste auréolé des succès de New Jack City, des Blancs ne savent pas sauter et de Passager 57. Le bougre cabotine comme un petit fou et ira même jusqu'à influencer le look de Dennis Rodman. Merci pour lui.
Comme son cousin Last Action Hero sorti un peu avant, Demolition Man livre un regard amusé et décalé sur le cinéma d'action, et surtout sur la violence qu'il est supposé engendrer. Moins pertinent que le chef-d'oeuvre de McTiernan, il n'en reste pas moins furieusement sympathique et délirant, offrant quelques punchlines bien senties, ainsi qu'une vision futuriste aussi décalée (les fameux trois coquillages) que volontairement ringarde.
S'il manque clairement la présence d'un vrai cinéaste aux commandes, et si l'ensemble se résume à une simple série B bourrine, Marco Brambilla emballe le tout correctement, accouchant d'un bon petit défouloir du samedi soir, pas prise de tête pour un sou et révélant au passage la choucarde Sandra Bullock.