Face à Wesley Snipes en psycho-killer hystérique et blond oxygéné, Sly parodie avec bonheur ses rôles de durs en semant la merde dans un futur new age politiquement correct, où le crime, le sexe et même les jurons ont disparu. Tout ceci donne lieu à des scènes réjouissantes et fort drôles (la machine à gros mots, le coup des 3 coquillages, le safe-sex, les répliques lapidaires de Sly, ou encore l'allusion à Schwarzy président... ), mais par dessus tout, ce que j'ai aimé dans ce film, c'est de voir un Stallone décomplexé qui ne se prend pas au sérieux ; c'est dommage qu'il n'ait pas poussé plus dans l'ironie mordante, mais il joue bien le fouteur de merde qui fait du rentre dedans en bousculant cet univers trop propre et aseptisé.
Le mérite du réalisateur est justement de combiner habilement cet humour second degré et les scènes d'action sans que l'un déborde sur l'autre. Derrière cette vitrine de société non-violente, il dénonce aussi une forme de totalitarisme soft qui laisse apparaitre une réalité moins souriante, avec des réfractaires vivant dans les égouts et multipliant les raids en surface pour déstabiliser cette hypocrisie. Mais le réalisateur appuie surtout sur le cocktail action & humour, et l'autre grand atout du film est d'opposer John Spartan à Simon Phenix, soit Stallone à Snipes, celui-ci incarnant un méchant caricatural mais complètement allumé, libéré par erreur d'une peine de cryogénisation ; il a dû s'amuser comme un fou dans ce type de rôle, alors qu'il avait avant cela joué surtout des flics ou des justiciers.
Ce thriller d'anticipation est donc une charge très amusante des tares de notre société tout en multipliant les clins d'oeil et un côté bourrin bien maîtrisé, on y voyait aussi une jeune actrice encore peu connue, au look de brunette craquante, c'était la timide Sandra Bullock qui allait accéder à la gloire quelques mois plus tard avec Speed. Probablement l'un des meilleurs films de Stallone, où il s'autoparodie, c'est décoiffant et jouissif.