Face à Wesley Snipes en psycho-killer hystérique et blond oxygéné, Sly parodie avec bonheur ses rôles de durs en semant la merde dans un futur new age politiquement correct, où le crime, le sexe et même les jurons ont disparu. Tout ceci donne lieu à des scènes réjouissantes et fort drôles (la machine à gros mots, le coup des 3 coquillages, le safe-sex, les répliques lapidaires de Sly, ou encore l'allusion à Schwarzy président... ), mais par dessus tout, ce que j'ai aimé dans ce film, c'est de voir un Stallone décomplexé qui ne se prend pas au sérieux ; c'est dommage qu'il n'ait pas poussé plus dans l'ironie mordante, mais il joue bien le fouteur de merde qui fait du rentre dedans en bousculant cet univers trop propre et aseptisé.
Le mérite du réalisateur est justement de combiner habilement cet humour second degré et les scènes d'action sans que l'un déborde sur l'autre. Derrière cette vitrine de société non-violente, il dénonce aussi une forme de totalitarisme soft qui laisse apparaitre une réalité moins souriante, avec des réfractaires vivant dans les égouts et multipliant les raids en surface pour déstabiliser cette hypocrisie. Mais le réalisateur appuie surtout sur le cocktail action & humour, et l'autre grand atout du film est d'opposer John Spartan à Simon Phenix, soit Stallone à Snipes, celui-ci incarnant un méchant caricatural mais complètement allumé, libéré par erreur d'une peine de cryogénisation ; il a dû s'amuser comme un fou dans ce type de rôle, alors qu'il avait avant cela joué surtout des flics ou des justiciers.
Ce thriller d'anticipation est donc une charge très amusante des tares de notre société tout en multipliant les clins d'oeil et un côté bourrin bien maîtrisé, on y voyait aussi une jeune actrice encore peu connue, au look de brunette craquante, c'était la timide Sandra Bullock qui allait accéder à la gloire quelques mois plus tard avec Speed. Probablement l'un des meilleurs films de Stallone, où il s'autoparodie, c'est décoiffant et jouissif.

Créée

le 20 janv. 2017

Critique lue 1.1K fois

34 j'aime

38 commentaires

Ugly

Écrit par

Critique lue 1.1K fois

34
38

D'autres avis sur Demolition Man

Demolition Man
nuisance
8

Sa violence vous branche ?

Un flic et un tueur tarés s'envoient des vannes et des grenades non stop avant et après une pause cryogénisation de 36 ans. A la fin, tous les restaurants sont des Pizza Hut. C'est l'un des films...

le 20 sept. 2010

97 j'aime

7

Demolition Man
Gothic
7

Wesley et Sylvester s'talonnent

Marco Brambilla, réalisateur italien à la filmographie plus que succincte, s'essaie pour son premier long métrage à la science fiction et à l'action, non sans humour. Et aussi inespéré que cela...

le 11 juin 2013

70 j'aime

29

Demolition Man
zombiraptor
8

To protect and to conserve

Bon bah je préviens, je tiens à mettre de côté tout affectif pour ce film et à rester particulièrement objectif pour cet avis. J'en suis capable. Un dingue pour en arrêter un autre. Y a eu le logo...

le 13 août 2017

59 j'aime

41

Du même critique

Il était une fois dans l'Ouest
Ugly
10

Le western opéra

Les premiers westerns de Sergio Leone furent accueillis avec dédain par la critique, qualifiés de "spaghetti" par les Américains, et le pire c'est qu'ils se révélèrent des triomphes commerciaux...

Par

le 6 avr. 2018

123 j'aime

98

Le Bon, la Brute et le Truand
Ugly
10

"Quand on tire, on raconte pas sa vie"

Grand fan de westerns, j'aime autant le western US et le western spaghetti de Sergio Leone surtout, et celui-ci me tient particulièrement à coeur. Dernier opus de la trilogie des "dollars", c'est...

Par

le 10 juin 2016

98 j'aime

59

Gladiator
Ugly
9

La Rome antique ressuscitée avec brio

On croyait le péplum enterré et désuet, voici l'éblouissante preuve du contraire avec un Ridley Scott inspiré qui renouvelle un genre ayant eu de beaux jours à Hollywood dans le passé. Il utilise les...

Par

le 5 déc. 2016

95 j'aime

45