J’ai beau adorer les séries B des 80’s, j’adhère moins aux films d’horreur italiens de cette époque, si l’on excepte ceux de Dario Argento. C’est une des raisons pour lesquelles je n’avais toujours pas vu Démons de Lamberto Bava, produit par Argento justement, bien que ça ne veuille pas dire grand chose sur la qualité de l’œuvre.
J’ai beau connaître mes raisons, je me demande quand même pourquoi je n’ai pas vu Démons plus tôt, ce film réunissant tant d’éléments du ciné 80’s que j’aime : des monstres, des punks, des éclairages fantaisistes au néon, du gore et une belle BO rock (Mötley crüe, Motörhead, Billy Idol, Saxon !) qui accompagne une composition endiablée de Claudio Simonetti (dont un passage rappelle étrangement le générique de L’inspecteur gadget, version électro !).
Petit plaisir personnel supplémentaire : Michele Soavi, réalisateur de mon film fétiche Dellamorte Dellamore, joue deux petits rôles.
La mise en abyme du cinéma est aussi amusante. L’héroïne est une jeune femme qui reçoit une invitation pour la projection d’un film mystère, dans une salle de cinéma inconnue.
L’occasion de faire le portrait de plusieurs types de spectateurs : ceux qui flirtent, les sans-gênes, le couple de vieux qui trouve ça trop violent, et même un aveugle, et… un mac avec deux prostituées (?!)
Les personnages ne sont pas aussi caricaturaux que je l’aurais imaginé, mais c’est en raison de l’accumulation de personnages et situations incongrues en l’espace de quelques minutes que ça devient absurde. Un peu comme dans la séquence d’intro de Destination finale 2 sur l’autoroute, où il se passe plus de choses en quelques instants que durant n’importe quel trajet en voiture de plusieurs heures que j’ai pu vivre.
A croire que personne n’est venu au ciné pour voir le film.
Etonnamment, il n’y a qu’un seul passage qui exploite véritablement la mise en abyme en établissant un rapport direct entre ce qui se passe à l’écran et dans la salle ; une scène qui a forcément inspiré le début de Scream 2.
Autrement, le film dans le film ne fait que donner des informations sur ce qu’il se passe. Les personnages à l’écran découvrent un masque qui transforme ceux qui le portent en démon. Et c’est ce qui se passe plus tard dans la salle de cinéma (avec une sorte de version en plastique du masque ; est-ce que c’est censé être le même ? Ca n’est pas clair). Et la première victime contamine les autres, un peu à la façon des zombies, mais par griffure et non morsure.
C’est là qu’on s’amuse vraiment ; certains maquillages sont bien cheap, d’autres plutôt réussis, mais les meurtres sont inventifs et funs, les effets gores artisanaux sont tous plutôt rigolos, ça saigne et ça vomit, ça gicle, il y en a de toutes les couleurs, c’est festif.
C’est parfois cheap, pas toujours bien foutu, mais il y a des idées.
C’est vraiment ce qui fait l’intérêt de Démons, ce type de plaisir qui s’est perdu à l’ère des CGI.
Parce qu’autrement, le film souffre de sérieux problèmes de rythme dans son montage. Il y a de gros passages à vide, et même quand il se passe quelque chose, c’est mal rythmé, souvent trop long.
Certains passages sont étrangement silencieux (j’ai vu le film en italien), et le vide a par moments été comblé dans le doublage Américain, à en croire les sous-titres en anglais dont je disposais.
Et très souvent, à défaut de savoir comment dynamiser une séquence, on met du rock.
D’après ce que j’ai vu, Démons est un des films les plus appréciés de Lamberto Bava, qui a semblerait-il fait pas mal de navets. On ne peut pas dire que sa réalisation soit marquante, certaines séquences en voient leur potentiel gâché (le massacre à moto), mais le cinéaste essaye quand même d’apporter un peu d’originalité à ses plans. J’ai été surpris par une bien belle trouvaille, qu’est ce plan étonnamment érotique avec une lame de rasoir, de la coke, et un sein.
Démons est un film pas très bien joué et où pleins de choses n’ont pas de sens, avec deux énormes deus ex machina à la fin, mais mon principal problème concerne le rythme. C’est ça qui empêche de s’amuser de bout en bout.
Mais sinon c’est une série B sympathique, à voir une fois pour quiconque aime le genre.