"C'est si bon qu'on culpabilise."
La mort est tellement usée et abusée dans les films, qu'elle en devient banale. Alors que l'émotion devrait être vive, on hausse des fois à peine le sourcil, on soupire, ou on s'exclame de joie de voir enfin disparaitre ce personnage qui nous insupportait. Dans les films d'horreurs, les réalisateurs tournent - parfois involontairement - en ridicule les morts en poussant la violence et l'improbable de la situation à leur paroxysme.
Dans notre vie quotidienne, on a tendance à l'oublier, mais quand la mort surgit elle nous apparait comme quelque chose de glauque et de laid.
Departures réalise ce difficile exercice qui est de la faire apparaitre comme quelque chose de beau, et appartenant à la vie, à tel point qu'on ressort du visionnage en ayant l'impression de planer, un sourire aux lèvres (je tiens à préciser pour ma crédibilité que je n'ai jamais touché à l'héroïne et encore moins juste avant le film ! ).
Yojiro Takita, le réalisateur, n'a pas d'ambitions grandiloquentes dans son œuvre. Le film traite son sujet de manière simple mais efficace. L'ensemble du casting, et particulièrement Masahiro Motoki dans le rôle de Daigo, est authentique, spontané, et surtout attachant.
L'humour est mêlé avec ce sujet, pourtant si sérieux, habilement, et d'une manière parfois très inattendue. En parlant d'inattendu d'ailleurs, le film gagne beaucoup sur son caractère imprévisible, particulièrement durant la première heure. Avoir des ficelles scénaristiques pour une fois plus subtiles qu'une blague de J-M Bigard est une qualité suffisamment rare pour être remarquée de nos jours.
La deuxième partie du film, retourne un peu plus sur les routes pavées, rendant certains évènements un peu plus téléphonés. Allez quoi. Je ne vais pas verser une larme pour un film quand même ? Le contexte. La bande son, plutôt sporadique au début de la projection, qui décide de s'y mettre à fond MAINTENANT. Les mines de ces personnages auxquels on s'est attaché. Les gestes méticuleux de cet assistant funéraire, opérant durant le rite de mise en bière, dans une grâce d'artiste que l'on aurait jamais imaginé. Tout ça aura raison de vous.