Assez rares sont les films à souffrir d'une telle rupture de ton en cours de narration.
Mon but n'est pas ici de déflorer la trame d'un récit que vous n'auriez peut-être pas encore vu, mais bien de mettre le doigt sur un phénomène assez peu courant.
Les trois premiers quarts du film ne sont pas loins d'être parfaits.
Un rythme à la fois posé et décalé, un humour sous-jacent du meilleur aloi, des acteurs au diapason de l'ensemble, des personnages bien campés, bref, un petit bonheur.
Vous savez, de ces histoires simples qui vous en mettent plein les mirettes et les esgourdes sur le quotidien d'un pays exotique et lointain (de ceux qui font que je commence de plus en plus à apprécier les films orientaux. Vous connaissez ma liste sur le sujet).
Sans se departures de son regard décalé.
Si rien de tout ce qui est montré peut se targuer d'être totalement nouveau ou génial, la vie d'un jeune croque-mort, ex-violoncelliste, dans un petit village au pied du mont Fuji (c'est bien lui ou il lui ressemble terriblement ?) est tout à fait réjouissante. Les scènes intimes et professionnelles s'enchainent avec un égal plaisir.
Du patron taciturne et virtuose à l'assistante secrète mais sensible, de la patronne des bains publics têtue et chaleureuse à la compagne enjouée et amoureuse, l'univers tournant autour de Daigo lui permet de rester en équilibre fragile entre dépression et exaltation.
Le regard perpétuellement surpris qu'il pose sur les évènements dont il est souvent à l'origine, en dit plus long que longues tirades et colle parfaitement au propos, jusque là maitrisé, du réalisateur.
Dead Zeppellin
Le titre, Departures, évoque un terme propre à l'aviation.
A l'instar d'un lourd long-courrier ayant décollé de la plus habile des manière et ayant effectué le plus gros de son parcours avec un certaine majesté, un terrible incident, totalement inexpliqué, va faire exploser en plein ciel un vol qui fendait un azur pourtant parfaitement immaculé.
Ça commence par une scène un peu disgracieuse et très spot pour lessive ou dentifrice, présentant le jeune héros jouant du violoncelle sur un talus, le tout souligné à grands coups de steadycam putassiers et entrecoupés de plans sur des vols d'oies un brin boursouflés (les plans, pas les oies).
A partir de là, tout s'enchaine de la moins bonne des manières.
Tous les évènements (chaque mort, en l'occurrence) servent soudain à faire entrer le récit dans un canevas à très grosse mailles, désormais terriblement prévisible, faisant du coup douter de la qualité de ce nous avons tant aimé jusque là. Boulet sur la carlingue (pardon, je veux dire cerise sur la gâteau) une sensiblerie lourdement appuyée, jusque là absente, vient plomber un final dispensable.
Rupture de ton incompréhensible qui vient faire chuter ma note comme la trajectoire de l'avion (métaphore qui colle décidément aux réacteurs de ma critique), mystérieusement frappé en pleine trajectoire, sans qu'aucun élément tangible ne vienne expliquer l'origine du crash.
L'examen des boites noires (la boite crânienne du scénariste, surtout) sera nécessaire, un jour, pour peut-être comprendre ce qui a pu arriver à ce voyage si prometteur, et au si parfait envol.