Larry Fessenden, boss de Glass Eye Pix, producteur indépendant de talent et acteur à ses heures, s'attaque au Frankenstein de Mary Shelley dans une démarche proche de celle de Bernard Rose en 2015. Ce dernier avait été plus audacieux dans sa relecture contemporaine du mythe mais la version de Fessenden ne manque pas d'intérêt.
L'étroitesse du budget ne se fait jamais sentir, Depraved est un film conscient de ses limites financières qui atteint une élégance formelle remarquable, qu'il s'agisse de mise en scène pure, des subtils effets visuels qui hantent le film ou des effets pratiques efficaces.
Thématiquement, s'il ne s'éloigne pas tant que ça du matériau d'origine, il l'inscrit tout de même intelligemment dans des problématiques actuelles ( pouvoir financier des nouvelles technologies, stress post-traumatique, immaturité des jeunes adultes et désespoir face à l'horreur du monde) qui rendent son film infiniment personnel et touchant. Les opinions, voire les émotions de Larry Fessenden sont transparentes dans Depraved, ça ne les rend pas moins percutantes.
Enfin le casting tire le film vers le haut, en particulier Alex Breaux, poignant dans le rôle de la créature, et pas très éloigné de la version de Boris Karloff. les rôles sont bien écrits et justement incarnés par des acteurs et actrices bien dirigés.
Finalement le seul reproche que je ferai à Depraved c'est de ne pas assez sortir des sentiers battus. C'est une relecture pertinente mais un peu sage d'un mythe mille fois adapté qui n'ose pas assez tordre son modèle ( toute la fin en particulier). Mais sa sincérité indéniable et sa mélancolie ont eu raison de mes quelques réserves.