Je commence la journée avec le dernier film de la thématique des Singulières, c’est l’étrange et calme Der Fan de Eckhart Schmidt, dans lequel on évolue dans l’intimité d’une jeune adolescente follement amoureuse de son idole R, chanteur de synthpop monolithique. La mise en scène et le montage épouse la forme musicale de la chanson triste pop, qui comme un leitmotiv dépressif, transforme le film en une transe douce et lancinante. Durant l’heure et demie du long-métrage, le rythme reste fidèle au tempo, construisant alors un film à l’évanescence flottante qui tranche avec la gravité et la violence du fond, renforcé par une photographie lissé et quasiment pastel uniformisant ainsi ce monde vu à travers les yeux de l’adolescente. Cette uniformisation qui aurait pu poser problème, fait du film un objet antipathique total, dans lequel l’identification est alors impossible, parti pris, peut-être calqué sur l’image de cette pop lancinante qui ressemble à n’importe quelle autre. Mais je ne dis pas ça de manière péjorative, bien au contraire. Le long-métrage, à l’inverse des procédés mis en place, devient un objet qui ne ressemble à aucun autre, nouveau manuel de conduite amorale, démonstration d’une liturgie amotionelle, application de rituels romantique déviant. Qui sait, c’est peut-être pour cela que l’actrice n’ait pas supporté le film à sa sortie, demandant de nombreuses coupes, puis soit devenue, aux dires de Cyril, une espèce de Lindsay Lohan, véritable parasite des tabloïds allemands.