Le tueur Ed Gein a donné des idées à pas mal de cinéastes, « Psychose » d’Hitchcock, « le silence des agneaux » de Demme, « Massacre à la tronçonneuse » de Hooper s’inspirent tous de certains aspects de la « carrière » de ce criminel. Et donc ce « Deranged » écrit et réalisé par Alan Ormsby, dont le travail le plus notable est le scénario du très bon « mort-vivant » de Bob Clark. Sorti un an après le « Massacre à la tronçonneuse » de Tobe Hooper et partageant avec lui un ton et une certaine esthétique, la comparaison est inévitable et n’est pas très flatteuse pour « Deranged ».
En effet, en visionnant ce « Deranged » on ne peut s’empêcher de penser au film de Hooper, même grain d’image sale, même ton naturaliste… Mais Ormsby n’est pas Hooper et beaucoup de choses sont ratées dans son film. Il ne parvient jamais à instaurer de véritable tension, même dans les séquences qui devraient être stressantes. A l’image de la scène du repas où Mary se retrouve attablée aux côtés de cadavres et qui rappelle la scène de « Massacre à la tronçonneuse » dans laquelle la jeune fille se retrouve invitée malgré elle à partager le repas de la famille de cinglés. Là où Hooper, grâce à une réalisation inspirée, parvenait à rendre cette scène à la fois terrifiante et drôle (oui, oui je perçois une forme d’humour dans ce film), et donc terriblement efficace, la séquence du repas dans « deranged » est d’une totale platitude. Autre exemple du manque de pertinence de certains choix de mise en scène : l’insistance du réalisateur à nous montrer le piège posé par les chasseurs. Ce piège, on nous le montre plusieurs fois en gros plans, ce n’était vraiment pas nécessaire. Dès la 1ère fois qu’on l’a vu on a compris ce qui allait se passer, ces plans répétés semblant dire « dis, tu te souviens que les chasseurs ont posé ce piège » sont totalement inutiles.
Dans le film, il y a même des éléments assez nanardeux : le narrateur qui vient se planter dans le champ avec sa truffe en gros plan pour raconter ce qu’on a déjà vu ou ce qu’on va voir, la scène du jeté de cadavres, le sur-jeu de Roberts Blossom… Tout ça provoque des éclats de rire mais sans que ce soit volontaire. A propos du jeu de Blossom, acteur solide croisé chez Siegel, Spielberg, Carpenter, Clayton, Raimi, Scorcese… je ne sais pas si sa prestation ratée tient au fait qu’il est un bon second rôle mais pas un bon acteur de 1er plan ou si cela tient à une mauvaise direction d’acteurs mais quoi qu’il en soit, il sur-joue à mort, à base de pincements de lèvres et de yeux qui roulent.
Là, je descends le film, pourtant tout n’est pas catastrophique. Déjà, il faut reconnaitre qu’on ne s’ennuie pas, ce qui n’est déjà pas si mal. Ensuite, certaines scènes sont tout de même réussies. Je pense notamment à la scène de l’enterrement. Et puis j’ai aimé le fait que le film ne se vautre pas trop dans le sensationnalisme. A ce titre, ce n’est peut-être pas un mal que la scène de tripatouillage de cervelle ait été coupée (même si le film se serait probablement mieux vendu en jouant sur cette scène choc).
« Deranged » est un film très dispensable, je l’aurais sans doute oublié d’ici quelques temps mais bon il y a pire et on ne s’ennuie pas.