J’avais déjà vu « Force of evil » il y a quelques années. Si j’avais aimé la première fois, je pense que c’est typiquement le genre de film qui nécessite plusieurs visionnages pour en appréhender toute la richesse. J’ai encore plus apprécier ce second visionnage.
Abraham Polonsky, scénariste du très bon film de boxe « sang et or » (déjà avec l’excellent John Garfield), propose ici encore un scénario extrêmement subtil et remarquablement écrit. L’intrigue, sorte de variation d’Abel et caïn, en étant centrée sur la relation des deux frères parvient à évoquer la corruption généralisée de toute la société. L’intime a ici une portée universelle. Polonsky montre que le système est vicié et que chacun prend part à cette corruption généralisée. Même Léo, le frère de Joe, qui se voudrait honnête n’y parvient pas totalement. Même la douce Doris se laisse volontiers séduire par Joe malgré (en raison de ?) son vice assumé et affirmé. Ce propos fort est appuyé par des dialogues brillants très écrits. Mon anglais est trop mauvais pour que je puisse regarder la V.O sans sous-titres et je doute que ceux-ci parviennent à transcrire totalement les dialogues originaux mais ils sont bien écrits et on y perçoit tout de même la finesse du texte original.
La réalisation très inspirée vient souligner le propos. Certaines scènes sont vraiment très marquantes. Je pense notamment à la scène finale où on voit John Garfield descendre de longs escaliers, illustrant à quel point le personnage est tombé bas. Ou encore cette très forte scène où 3 personnages s’affrontent revolver au poing dans l’obscurité, ne sachant pas qui tire sur qui.
« Force of evil » est un magnifique film noir, profond et qui évite toute facilité. Un film qui mérite d’être vu et revu.