« Quand je veux faire passer un message, je ne fais pas de cinéma : je l'envoie par la poste » John
Cette pellicule m'a été présentée durant mes recherches comme un brulot anticapitaliste sous forme de film noir, réalisé par un cinéaste aux sympathies notoirement communistes, future victime du maccarthysme. Je ne sais pas vous, mais cela a suffi à susciter mon enthousiasme.
Le problème c'est que le réalisateur ne se sert de son histoire d'avocat véreux en conflit avec lui-même comme avec le monde que pour nourrir un propos dramatiquement simpliste, illustré par des symboles bibliques fortement appuyés, des personnages réduits à quelques traits de caractère (culpabilité, regret, ambition, amour, rapacité, besoin de rédemption etc.), et des dialogues légèrement boursouflés (certains les trouvent poétiques, je les comparerais plutôt à des éléphanteaux, pas méchants mais un peu lourds). Il oublie ainsi de rendre ses héros véritablement humains, et condamne le spectateur à observer leurs vaines gesticulations et passions avec une indifférence polie.
Le film reste heureusement largement regardable, grâce à un scénario classique mais agréable, à une courte durée qui aide bien le rythme, à une bonne mise en scène et à des acteurs corrects (même s'ils sont loin d'être les plus charismatiques de leur génération), mais si vous n'êtes pas un fan hardcore du genre, je pense que vous avez bien d'autres belles découvertes à faire avant de vous jeter dessus (au hasard, le Coup de l'Escalier, très beau film noir sur l'intolérance et la fatalité, scénarisé par le même Polonsky).
PS : Marrant que Scorsese cite cette bobine comme l'une de ses principales inspirations pour ses films de gangsters. Le principal reproche que je leur adresse est également de faillir à susciter le moindre sentiment à l'égard des protagonistes.