L'Enfer de la corruption par Alligator
nov 2010:
Film noir compliqué à l'excès, qui s'embourbe de personnages et de relations annexes inutiles. Je ne connaissais pas Polonsky mais je ne m'attendais pas non plus à pareille lassitude, voire ennui.
D'ailleurs le réalisateur n'y est pas pour grand chose. A la limite, je pourrais dire que les mouvements de caméra sont plutôt bien inspirés par moments. C'est pas trop mal filmé. Le travail de George Barnes, chef-opérateur, assure une belle photographie noire et blanche bien dans le style noir mythique.
Non, ce qui plombe le film provient de l'extrême lourdeur de l'histoire. Les personnages passent leur temps à se contredire, à faire blanc après avoir dit, que dis-je... clamé noir. Très vite, ces incohérences m'accablent. Je me noie sous l'insupportable mélange poisseux des valeurs. Certes, il apparait évident que le film est destiné à montrer la puissance destructrice de la corruption, défaut social majeur qui attire à lui les plus vicieux comme les simples malheureux pions qui ont la malchance d'être là au mauvais endroit. Certes, certes... seulement, les strates d'histoires secondaires s'accumulent et enlisent la principale.
Peut-être faut-il dès le départ connaitre le monde des bookmakers des années 1940? Ce n'était pas mon cas, j'ai été assez rapidement perdu.
Non, je maintiens : c'est mal écrit. Pourquoi Thomas Gomez jure-t-il ses grands dieux que jamais il ne travaillera pour Roy Roberts et finit par le faire? Pourquoi la police donne-t-elle son indic? Pourquoi celui-ci donne ses informations ? Pourquoi les personnages s'ingénient à scier les branches sur lesquelles ils sont assis? Pourquoi Marie Windsor? Beatrice Pearson? Je n'ai pas cessé de me demander pourquoi tel ou tel personnage agissait avec autant d'invraisemblance... Fatigant à la longue. J'avais hâte d'en terminer avec cette grosse pâte indigeste.
Si encore les comédiens valaient le coup d'œil... même pas! Lâché par John Garfield, faut le faire! Dingue, non? Un acteur que j'aime bien mais que j'ai trouvé très fade ici. Beatrice Pearson qui lui sert de bonne femme fait vraiment figure de cache misère tapisserie. Son frère Thomas Gomez est le seul très bon comédien du film, avec un peu de densité. Mais c'est trop peu.
Quand le "the end" apparait, je m'interroge. Comment se fait-il que Scorsese se soit penché sur la restauration de ce film informe?