Moderne hier, aujourd'hui témoin d'une époque
Un film qui tient encore la route avec les années, là où d'autres ne passent pas l'épreuve de l'âge. Pas que ce soit un chef d'oeuvre, la faute à une mise en scène passe-partout. Mais ce polar marque par son authenticité, car il est ancré dans la routine d'une enquête classique telle qu'on les menaient en 1970. De ce point de vue, il fait quasiment oeuvre de témoignage sociologique.
José Giovanni, comme toujours, soigne l'écriture et, la psychologie de ces personnages, ce qui donne un film solide dans son ensemble malgré quelques longueurs. Lino Ventura, parfaitement sobre et excellent, comme d'habitude, contraste avec une Marlène Jobert parfois touchante, parfois agaçante mais tenace (je n'y peux rien mais je trouve Marlène Jobert souvent en surjeu, comme dans d'autres films d'ailleurs, mais meilleure que dans "Le Passager de la pluie" sorti la même année). C'est aussi un des premiers policiers français a teneur politique qui dénonce les dysfonctionnements d'une police peu humaine, a contrario du duo campé par Ventura et Jobert, profondément investis dans leur enquête. La fin, atypique, noire et très forte, se démarque par cette volonté de constat lucide et pessimiste.
Le film s'inscrit, également, dans la modernité, voir un certain avant-gardisme en traitant d'une enquête menée par une jeune inspectrice stagiaire dans un monde dominé par des hommes (quelques échanges bien sentis entre Léonetti et Lambert montrent qu'il y aura encore beaucoup de chemin a parcourir pour que les femmes puissent vraiment faire leur place dans ce monde masculin).
Puis cerise sur le gâteau, belle photo d'Etienne Becker et partition musicale inoubliable de François de Roubaix qui soulignent fortement l'aspect mélancolique et noir de l'ensemble du film.
Du bon travail...