Lorsque Joseph Harrington a écrit "Last known address", c'était pour critiquer le système américain de protection des témoins. En France, c'est plus simple: ça n'existe pas!
En fait, ce roman est difficilement transposable en France. Si nous n'avons pas de procédure institutionnalisée pour la protection des témoins, c'est qu'il est extrêmement rare qu'ils soient menacés car les dépositions écrites et signées sont recevables devant le tribunal. Mais un juge peut toujours décider de mesures spécifiques s'il les estime nécessaires.
On imagine mal ici, un fils à papa, meurtrier ayant à sa disposition des équipes de nervis pour rechercher et éliminer les témoins gênants.
Il faut donc tout le talent de deux grands acteurs pour nous faire entrer dans cette histoire improbable.
Lino Ventura est un inspecteur brisé, désabusé, qui ne croit plus en la justice et qui refuse de porter ses décorations car "on vous les donne pour les mêmes raisons qu'on vous fusille". Il continue de faire son travail sans illusion sur son utilité. D'une certaine façon, il reste complice d'un système qui l'a cassé et qu'il réprouve.
Marlène Jobert est une jeune enquêtrice idéaliste, pleine d'illusions, qui rêve de sauver le monde. Toute guillerette, elle trottine derrière Ventura, s'extasie devant ses minables tours de prestidigitation et fait progresser l'enquête par son enthousiasme et l'élan qu'elle communique à son équipier.
L'intérêt du film est donc plus dans la construction des personnages que dans le scénario.
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