Dernier train pour Busan: Retour à l'état de nature

Voilà comment un film coréen sur des zombies me fait penser au Léviathan de Thomas Hobbes. C'est un tour de force.


Ce film est techniquement parfait. Toutes les options de mise en scène, les mouvements de caméra, les acteurs, tout le soin apporté à l'image, à chaque plan, j'ai rarement vu une telle perfection à l'écran. Chaque image est vraiment épurée et présentée de manière formidable.


Le scénario est basique et pourtant, on se laisse prendre par tous les rebondissements, malgré tout, malgré le nombre de films de genre d'épouvante qu'on a vus à propos de zombies, morts vivants ou autres créatures.


Mais ce n'est pas simplement un film d'épouvante, il permet aussi de se questionner durement. Qu'est-ce que l'éthique, l'honneur, le sens de la vie. Comment vivre sa vie, être là pour les moments qui comptent. Comment se comporter avec les gens lorsque l'enjeu est de survivre ? La solidarité a t-elle sa place ? L'amitié existe t-elle réellement ? Qu'est-ce que l'amour ? Le film n'est pas effrayant de par les morts vivants mais bel et bien par les intentions et motivations des personnages, qui sont terriblement humains, pour le bon mais aussi pour le pire. C'est bel et bien un retour à l'état de nature tel que décrit par Hobbes, qui montre qu'il existe une certaine anarchie, une guerre de tous contre tous et que le contrat social permet de protéger la société. Mais quand une horde de zombies attaque, qu'en est-il de ce contrat social ?


Le seul défaut qui n'en est pas un est que ce film est coréen et que la barrière de la langue fait que certaines scènes ne fonctionnent pas, on n'est pas aussi ému qu'on devrait l'être alors que c'est admirablement joué. L'actrice qui joue la petite fille est géniale d'ailleurs.


Vrai défaut par contre. Le film est convenu. Le héros, père de famille négligeant son enfant, étant peu présent car absorbé par son travail à la bourse a une révélation devant l'ampleur des éventements. Les deux personnages épargnés à la fin sont vraiment très prévisibles car il aurait vraiment été choquant de les tuer à l'écran. Mais même si c'est convenu, il y a des moments épiques, comme une scène qui même si elle est attendue, trouve le moyen de surprendre de par la choix de la réalisation, regarder une ombre tomber à l'arrière d'un train peu s'avérer vraiment poétique.


Je n'avais jamais vraiment essayé le cinéma coréen, je savais juste que Old Boy Park Chan Wook était très réputé. Avec ce dernier train pour Busan, j'ai bien envie d'en voir d'autres, ce ne sera définitivement pas mon dernier film coréen !

Andika
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le 26 sept. 2016

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Andika

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