Indécidables frontières
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le 9 nov. 2016
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C'est un film qui ouvre des portes, des fenêtres, ce qu'on veut, l'esprit peut-être. Filmant Hélène Nicolas dite Babouillec Sp (sans parole), Julie Bertucelli poursuit son travail sur le langage, la communication, notre manière d'être au monde.
Hélène a trente ans, est autiste et compose des textes poétiques ou théâtraux alors qu'elle n'a appris ni à lire ni a écrire. Incapable physiquement de tenir un stylo, elle place des lettres plastifiées sur une feuille blanche, ne se corrige pas, ne revient pas en arrière. Complexe mais légère, très souvent ironique, son écriture nous interroge sur le monde et sur nous-mêmes, nos conditionnements, nos manières d'être, nos pensées. Elle dit aussi la pensée d'une auteure dont l'esprit foisonne et qui a mis des années à pouvoir s'exprimer.
Dernières nouvelles du cosmos est aussi un film d'amour, celui qui lie une mère et sa fille dans la volonté qu'elles eurent, année après année, de trouver le moyen de s'apprivoiser et de communiquer entre elles. En 1999, alors que les séjours en institution de sa fille ne donnent rien et qu'elle a le sentiment de vivre face à un mur, Véronique met fin à son activité professionnelle pour chercher et trouver les points d'accroches et les mécaniques de communication possibles avec Hélène. C'est ainsi qu'après quelques années, Babouillec s'est mise à écrire.
C'est par le prisme de la création que le film avance. Débutant alors que le metteur en scène de théâtre Pierre Meunier prépare un spectacle à partir de textes d'Hélène et se terminant au Festival d'Avignon en passant par un échange avec un mathématicien, Dernières nouvelles du cosmos capte des instants de vie et nous offre l'occasion de réfléchir sur notre perception des autres.
L'autisme n'est pas une maladie mais une autre manière d'être au monde, une organisation différente de l'esprit, un autre fonctionnement du corps et du cerveau. C'est ce que Julie Bertucelli nous rappelle dans un film vif et délicat, joyeux et plein d'espoir.
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le 3 nov. 2016
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