Taïga con dios.
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Après l’échec de Dodesukaden, Kurosawa traverse une passe difficile. Il ne trouve plus de financement pour ses projets et rencontre des problèmes de santé. Tout cela le conduit à une tentative de suicide qui échoue. Mais voici qu’en 1973, il est sollicité par un studio soviétique pour travailler avec lui. Kurosawa propose alors l’histoire de Dersou Ouzala, tirée du livre autobiographique de de l'explorateur russe Vladimir Arseniev. C’est un projet qu’il nourrit depuis 1930. Kurosawa se rend donc en Union Soviétique pour mener à bien ce projet, accompagné par ses proches collaborateurs.
Dersou Ouzala est l’histoire d’une amitié qui se noue dans les grandes étendues de la Sibérie entre un chasseur mongol et un explorateur russe. Le héros est un homme simple, honnête, bienveillant, dont l’intelligence est la capacité à survivre en milieu hostile. Il fait figure d’être éveillé, sachant voir ce que personne ne voit, sachant interpréter les signes de la nature et des traces laissées par les êtres humains ; sachant l’urgence des gestes à poser pour rester en vie en situation de danger. Cet homme rustre gagne rapidement le respect des soldats russes qui font appel à lui pour les guider. La deuxième partie met en scène le déclin de cet « homme des bois » qui commence à ressentir les effets du poids des ans. On perçoit que la complicité entre les deux hommes se renforce, durant cette 2e expédition, en particulier à travers les photos en noir et blanc qui défilent et nous offrent un instantané de leur vécu. Et enfin la dernière partie met en scène l’impossibilité pour un homme ayant vécu libre dans la nature de s’adapter au monde de la ville, à ses codes, ses interdits, ses enfermements.
L’histoire prend place dans un magnifique décor naturel magnifié par la blancheur de la neige, le rougeoiement du ciel, le déchaînement du vent, mais aussi la boue, la pluie qui trempe les hommes, le brouillard. Les oiseaux ne sont pas oubliés, on entend leur gazouillements en arrière-plan, ce qui est assez rare dans un film. Mon amour des oiseaux et de leur chant a été comblé ! La nature est ici un personnage à part entière. On sent que le tournage s’est passé dans des conditions extrêmes et que les acteurs ont payé de leurs personnes.
Cette belle œuvre de Kurosawa ne m’a pas touchée autant que d’autres de ses réalisations (Vivre, Barberousse, Entre le ciel et l'enfer) mais j’ai aimé cet instant cinématographique avec ces personnages simples, ce monde sauvage et les plans soignés du réalisateur nippon.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Oscar du meilleur film international, Film se déroulant dans le Grand Nord ou dans l'Antarctique, AMITIE, Les meilleurs films de 1975 et Début du 20e siècle
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il y a 5 jours
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