Sans nuit
Passé inaperçu, Des feux dans la nuit est un film français en costumes, qui ne cherche pas à séduire, mais se contente de raconter une histoire. Transposition d'un roman japonais dans la France du...
le 28 mai 2023
Passé inaperçu, Des feux dans la nuit est un film français en costumes, qui ne cherche pas à séduire, mais se contente de raconter une histoire. Transposition d'un roman japonais dans la France du XVIème siècle, dans un petit village de pêcheurs en bord de mer, c'est l'histoire d'une famille, ou plutôt d'un fils, adolescent, qui n'a pas fait ses preuves et va bénéficier du départ de son père, acheté pour un travail physique pendant deux ans, pour devenir un homme. L'histoire d'amour, l'histoire de famille, l'histoire du village, à toutes les échelles, des ellipses gangrènent le récit, empêchant à la fois l'histoire de se tisser et l'ambiance de s'imposer. Si les images, les costumes, les décors invitent à ce voyage spatial et temporel, l'écriture et la mise en scène "pêchent" un peu. Dommage, parce que rien dans le film ne provoque des caprices, tout est modeste comme ces pêcheurs, parfois pilleurs. L'épidémie qui condamne le village arrive d'un coup, sans grandiloquence, et la beauté d'Ana Girardot (qui joue convenablement son rôle de mère de famille exigeante, débordée et inquiète, laissée par son mari pour gérer le foyer et les affaires), pourtant pas spécialement sublimée par la mise en scène, se retrouve infestée de boutons un peu à l'image du film : discrets mais suffisamment visibles pour répugner.
En fait, le non-dit, dans la lignée de l'esthétique elliptique du récit, mène à une forme de pudeur, liée à la fois à l'époque de l'histoire et à l'ambition esthétique du cinéaste. Mais on aurait voulu voir. Voir des feux dans la nuit, voir la nuit, au moins... D'autant que la pudeur efface les sentiments et les émotions. On est là comme devant un tableau sans âme, alors qu'on aurait pu chercher Vermeer... Par rapport à Délicieux, autre film en costumes français, qui rappelait certains tableaux de De La Tour, sorti discrètement l'année dernière, et qui avait un charme certain et la même volonté de raconter sans prétention, il manque ici un peu de cohérence, sans doute dûe à la faiblesse de l'écriture qui se perd dans des stéréotypes dommageables, pour être tout à fait satisfaisant. Malgré tout on passe un moment en bord de mer pas désagréable.
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le 28 mai 2023
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