Le site est de retour en ligne. Cependant, nous effectuons encore des tests et il est possible que le site soit instable durant les prochaines heures. 🙏

Sur le fond, Conte nuptial tente bien quelque chose. C'est écrit noir sur blanc en ouverture du film. Deux collègues décident de se déguiser en l'autre pour coucher avec la femme de l'autre sans les prévenir, et ainsi relancer leur propre couple. Partant de ce récit misogyne de Roald Dahl, La grande entourloupe, récompensé du prix de l'humour à sa sortie, cette fausse adaptation semble vouloir renverser l'histoire pour en faire un récit féministe : ici, les épouses s'en rendent compte et décident de contre-attaquer. Cette audace initiale de la réalisatrice Claire Bonnefoy, qui signe là son premier film, aurait pu être intéressante et aborder les questions du viol conjugal, du consentement, du couple, du désir et des genres, de façon habile et intelligente.

Mais on finit par ne plus comprendre ce qu'elle veut nous dire ! Le film, marivaudage assumé, revendique une légèreté théâtrale quasi bouffonne en même temps qu'un aspect documentaire primaire (les quatre personnages ont ces deux faces), ce qui a pour effet l'inconfort, et surtout cette incompréhension, jusqu'à la fin tellement étrange qu'on se demande si, au bout du compte, toute cette perversité, tout ce stratagème ignoble, ne mène à aucune vraie remise en question des uns et des autres, et ne change rien. Est-ce que la réalisatrice vient de nous dire que, finalement, le viol conjugal, c'est pas si grave (elle aurait lu le dernier torchon de Caroline Fourest plutôt que le dernier essai de Mona Chollet) ? Ou bien nous dit-elle que les hommes et les femmes sont trop bêtes pour se rendre compte de la gravité de leurs actes ? Su-per ! Rien ne nous éclaire, et cette trop grande ambiguïté crée un malaise gênant. Dommage, le geste de départ était habile et méritait d'être salué, et je ne doute pas que Claire était de Bonnefoy...

Autre piste possible : c'est moi qui n'ai rien compris (en même temps, je n'ai lu ni Fourest, ni Chollet...).

Dormir_Debout
4
Écrit par

Créée

le 11 oct. 2024

Critique lue 398 fois

3 j'aime

2 commentaires

Dormir_Debout

Écrit par

Critique lue 398 fois

3
2

D'autres avis sur Conte nuptial

Conte nuptial
mouving
10

*°* laisse un goût de je ne sais quoi *°*

Sur la forme oui, briser le 4ème mur pourquoi pas. Le casting est plutôt remarquable, surtout Flora Babled dans le rôle d'Agathe qui est le personnage avec le plus de nuances. Je trouve simplement...

le 24 déc. 2024

Conte nuptial
Selenie
7

Critique de Conte nuptial par Selenie

Si la nouvelle originelle de Roald Dahl était une sorte de fable érotique fantaisiste pour adulte dans le contexte de la parenthèse enchantée des années 70, l'évolution des moeurs et l'actualité...

le 21 déc. 2024

Conte nuptial
OH33
8

Audacieux et subtil

Avec Conte Nuptial, Claire Bonnefoy, dont c’est le premier long métrage, aborde le délicat et tristement d’actualité sujet du viol conjugal, non sans un certain courage et sens de la subtilité. En...

Par

le 9 déc. 2024

Du même critique

J'accuse
Dormir_Debout
8

Zola et Polanski

La faute de l’abbé Mouret. Roman Polanski est un gros dégueulasse. Roman Polanski est aussi un immense réalisateur (The Ghostwriter, Rosemary’s baby, The Pianist). A l’époque de Zola, le célèbre...

le 15 nov. 2019

6 j'aime

3

Mademoiselle de Joncquières
Dormir_Debout
8

La religieuse ou la putain

Sans connaissance de l'oeuvre de Monsieur Mouret, ni du roman de Monsieur Diderot dont seul le titre m'était familier c'est plutôt Monsieur Baer qui m'a attiré vers le cinéma. J'avais envie qu'il me...

le 19 sept. 2018

4 j'aime

1

Conte nuptial
Dormir_Debout
4

La trop grande ambiguïté

Sur le fond, Conte nuptial tente bien quelque chose. C'est écrit noir sur blanc en ouverture du film. Deux collègues décident de se déguiser en l'autre pour coucher avec la femme de l'autre sans les...

le 11 oct. 2024

3 j'aime

2