Je suis toujours là se passe sur deux niveaux. Le premier, qui est le plus ample et le mieux réussi, c'est de raconter les années de dictature militaire au Brésil à travers la vie d'une famille... et le film aurait pu s'arrêter à cette chronique. Le deuxième, et sans doute celui qui compte le plus pour le réalisateur, c'est de rendre hommage, c'est de faire justice et honneur à cette histoire parmi d'autres, qui a réellement existé... et on aurait pu s'en passer. Non pas que ça soit inutile de faire ce travail de mémoire, au contraire, mais cela rallonge considérablement le film sans le renforcer autant en terme de qualité par minute. De film original, il finit en film plus classique et c'est très dommage, car c'est un film puissant, un film qu'il faut sans doute voir poir plein de raisons différentes, à commencer par la découverte de l'histoire méconnue d'un pays, qui est aujourd'hui dirigé par un homme qui assume être nostagique de cette dictature. La réflexion sur les images, ce qu'il reste et ce qui disparaît, est également superbement menée dans le film, entre photos et fragments en super 8 captés par l'aînée de famille. La performance de Fernanda Torres, couronnée d'un Golden globe largement mérité, contient toutes les émotions et la force du film, que la mise en scène dynamique et maline ne fait que sublimer. Walter Salles maîtrise parfaitement l'effet de "bordel organisé" de sa chronique aux allures quasi documentaires, et en cela, Je suis toujours là est une belle réussite. Un quart d'heure et des violons en moins et on avait probablement un petit chef-d'oeuvre de ce cinéma qui raconte la grande Histoire à travers la petite et intime.