Encouragé par Sydney Pollack, avec qui il avait déjà tourné 5 films, Robert Redford se lance dans la réalisation en 1980 avec Ordinary people, adaptation du roman de Judith Guest où l'on suit une famille qui doit faire face à la mort du fils ainé.
Robert Redford rentre assez vite dans le vif du sujet et nous immerge dans la vie de cette famille plutôt aisée où chaque membre, que ce soit le père conseiller fiscal, la mère ou le second fils Conrad, devra faire face à la mort brutale et accidentelle du fils ainé. C'est surtout sur Conrad qu'il braque sa caméra, lui qui a assisté impuissant à cette mort et qui va peu à peu se renfermer sur lui-même et s'éloigner de ses proches. Redford s'attarde surtout sur son rapport avec la vie et les relations qu'il va entretenir avec son entourage et notamment sa mère.
En s'intéressant à cet élément horrible qui va chambouler la vie de cette famille, Redford jette un regard juste sur l'humain, sa vision et sa façon de réagir à ce genre d'évènement. Bénéficiant d'une excellente qualité d'écriture, tant dans les dialogues que dans les personnages, il étudie la culpabilité, les rapports enfants-parents, la réaction à la mort ou encore l'enfermement sur soi-même. Malgré le ton assez classique, il se fait assez sobre et arrive à faire ressortir la complexité et même l'émotion des personnages et enjeux.
Néanmoins, il commet quelques maladresses, certes non préjudiciables pour apprécier cette première oeuvre. Il y a encore cette impression qu'il se cherche, ne sait pas tout à fait quel ton adopter et reste légèrement trop sage, empêchant le film d'être réellement bouleversant. Sa gestion des flash-back laisse aussi un peu à désirer, c'est dommage car à côté de cela, il arrive bien à cerner les personnages et en faire ressortir les émotions et la complexité. Par contre, si le talent d'acteurs de Redford n'est plus à démontrer depuis bien longtemps (This Property Is Condemned, Three Days of the Condor, All the President's Men etc), il montre qu'il est aussi capable de très bien diriger des acteurs, Timothy Hutton , Mary Tyler Moore ou Donald Sutherland peuvent en témoigner.
Si, pour sa première oeuvre, Robert Redford commet quelques maladresses, ce n'est pas vraiment préjudiciable tant il fait preuve de justesse et intelligence dans le traitement de ses thématiques, permettant de faire ressortir l'émotion des enjeux et personnages. Ce sera pour lui un succès critique et public, couronné par divers oscars dont celui de meilleurs films (malgré la présence de Raging Bull et Elephant Man face à lui). (& merci à Olivier_Patturaud pour le conseil !)