Roni et Zef sont frères mais ne peuvent pas s'encadrer car ils ne sont d'accord sur rien.Roni a réussi dans les affaires et mène la grande vie.Il est juif mais non pratiquant,a épousé une goy,fait la fête,boit de l'alcool,mange de la charcuterie.Zef,violoniste émérite,est un religieux acharné qui ne vit que pour la musique classique et l'observance absolue des règles judaïques.Chaque fois qu'ils se voient,ça se termine par une engueulade mais leurs filles,Melita et Noga,s'entendent à merveille.Danièle Thompson,la fille de Gérard Oury,est réalisatrice de ce film dont elle signe l'adaptation et le scénario avec son fils Christopher et elle a également écrit les dialogues.En tant que réalisatrice,elle n'a jamais vraiment convaincu alors que sa carrière de scénariste,notamment des oeuvres de son père,fut brillante.Et ce n'est pas avec ce laborieux psychodrame tragi-comique qu'elle relève le niveau de sa filmo.Elle mélange humour et gravité mais les ingrédients sont mal dosés et le ton du film ne trouve jamais sa cohérence.Entre situations peu convaincantes,personnages souvent excessifs et chutes de rythme mal dissimulées derrière du remplissage touristique,le film ne parvient pas à décoller.Techniquement c'est plutôt bien fait,l'image est de qualité,la réalisation classique mais efficace et les dialogues bien écrits et amusants.Il y a même quelques moments vraiment drôles et des plages d'émotion crédibles mais tout est dilué au fil des rencontres plus ou moins lointaines des protagonistes qui se terminent invariablement par des clashs entre les deux frangins.L'histoire manque de densité et les auteurs ne proposent rien de mieux pour meubler les temps morts que des visites guidées de lieux certes magnifiques mais déjà beaucoup vus tels que Saint-Tropez ou Paris by night,côté beaux quartiers évidemment.En outre,le fil rouge du script,à savoir une intrigue amoureuse triangulaire,est très mal gérée car on en prévoit trop facilement les développements.Ainsi,il est aisé de deviner l'identité de l'homme que Noga rencontre dans le train,tout comme on voit venir de loin l'enchaînement des rencontres lors des scènes tropéziennes et la conclusion lors des dernières retrouvailles à Paris.D'autre part,les Thompson opposent deux mondes,deux conceptions de la vie,sans qu'on sache ce qu'ils en pensent réellement.Rien sans doute car ils semblent renvoyer dos à dos l'existence superficielle de Roni et la sinistre pratique religieuse de Zef,même si le premier apparait plus sympathique,ce qui n'est pas très difficile.Une fois de plus,une formidable troupe d'acteurs sauve l'ensemble du désastre.Kad Merad est décidément très à l'aise dans ces rôles bling bling qui font ressortir les failles cachées derrière des personnages solaires.Eric Elmosnino est fantastique toujours et partout,et il porte à merveille un personnage de prime abord rigide et déplaisant qu'il arrive à humaniser.Max Boublil est étonnamment subtil en séducteur malgré lui et le grand violoniste Ivry Gitlis,qui fait rarement l'acteur,exécute une prestation stupéfiante et hilarante en aïeul libidineux atteint d'Alzheimer.Lou de Laâge,charmante,spontanée,émouvante,fait de Noga une très belle personne alors que la superbe Clara Ponsot crève l'écran en petite fille riche plus intelligente et sensible qu'elle ne le montre nonobstant son prénom de filtre à café.Jean-Michel Lahmi,omniprésent dans le cinéma français,est savoureux en rabbin pressé.C'est plus dur pour une Monica Bellucci peu à l'aise en idiote irréductible et une Valérie Bonneton qui charge outrageusement son personnage,ce qui n'est guère dans son registre.