“ L’indicible des flash-backs et les monologues pesants creusent les sillons d’une culpabilité intime et collective. Le trauma du silence. Depardieu fait son Depardieu, ogre éructant, ivre mort , presque grotesque dans la caricature, Darroussin est un taiseux qui monologue mais n’agit pas et Catherine Frot en sœur pacifique qui cherche à apaiser tout le monde sans succès. Cela parle de culpabilité et de névroses familiales sur fond de tragédie collective. Le film est inégal dans sa construction car si les flash backs permettent de comprendre, les scènes au présent sont trop elliptiques. Pour le reste, c’est une évocation intéressante de la guerre d’Algérie, de la culpabilité et de son traumatisme qui s’en suivirent. Le film aurait pu s’appeler : la mémoire des hommes : se taire et vivre avec. Lucas Belvaux a déclaré dans le dossier de presse : « C’est un film sur la mémoire, les souvenirs, les cicatrices. Pour ceux qui en sont revenus, cette guerre ne s’est jamais terminée parce qu’on ne l’a jamais nommée, jamais considérée comme telle. » Effectivement, le film montre bien dans cette guerre sans nom , le poids du silence, le refoulement, la souffrance transmise des anciens combattants, qui continuent à en porter la charge sans pouvoir en parler.