Parions que "des Hommes et des Dieux" restera longtemps un modèle de film "politique" et humaniste, de par la manière gracieuse avec laquelle Beauvois empoigne à bras le corps le sujet difficile - et combien pertinent - de la résistance individuelle face à la violence et au terrorisme. En refusant d'accorder plus d'importance que nécessaire aux idées (religieuses ou autres), en exprimant une vision avant tout matérialiste de la foi, Beauvois réalise un film quasi-miraculeux, un film qui regarde sans baisser les yeux les faiblesses comme l'héroïsme de chacun. Formellement impeccable (aucun effet inutile, une juste durée des plans, un regard toujours à bonne distance), "des Hommes et des Dieux" bénéficie en outre d'une interprétation à l'homogénéité remarquable, au premier plan de laquelle on ne peut pas ne pas citer le merveilleux, l'évidemment merveilleux Michael Lonsdale. Un film qui stimule autant le cœur que la tête, et qui redonne foi... en la force du cinéma ! [Critique écrite en 2010]