Des hommes et des dieux par ldekerdrel
Des Hommes et des Dieux est un film plein de surprises.
Son succès public, ses récompenses à Cannes ne masque pourtant pas la plus surprenante à mes yeux ,.
Comment Xavier Beauvois a-t-il été capable de signer un tel film ?
Je ne veux pas dire par là que Beauvois soit un mauvais metteur en scène.
Son polar « le petit Lieutenant » avait apporté une vision cinématographique intéressante de la police et les personnages étaient intéressants et superbement bien interprétés.
On se souvient de l'interprétation de Nathalie Baye et de Roshdy Zem dans ce film
Non, ce qui me surprend d'avantage, c'est comment le cinéaste verbeux et intellocrate de « Nord » et de « n'Oublies pas que tu vas mourir » ait pu se nourrir de la vie des moines de tiberines.
Ce sujet était à des années lumières de ce qu'on pensait être son univers.
Pire il signe avec « des hommes et des dieux » son meilleur film en transmettant une profondeur et une vision de la religion catholique qu'on pensait inaccessibles pour ce réalisateur catalogué comme le frère d'armes des cinéastes Bobos nombrilistes théseux de gauche du 5eme arrondissement à la Desplechin ou Philippe Garel.
Des Hommes et des Dieux nous raconte l'histoire vraie de ces moines implantés en Algérie qui furent assassinés sauvagement dans les années 90 en pleine montée du FIS.
Plutôt que d'en faire un thriller comme aurait pu l'imaginer un réalisateur hollywoodien, Beauvois signe une œuvre contemplative, pleine d'humanisme, d'œcuménisme.
Les sentiments humains, les certitudes et les doutes de ses moines face à leur engagement et leur environnement touchent en plein cœur le public, en lui apportant autre chose qu'une vision classique de la société de consommation, et de sa vie de tous les jours.
Bref des Hommes et des dieux est un film qui fait prendre de la hauteur à son public, et ce n'était pas arrivé depuis longtemps.
En outre le film est portée par une interprétation très juste des acteurs parmi lesquelles surnage celle de ce vieux Grizzly de Michael Lonsdale dont la justesse, la finesse marque les esprits et devrait à coup sur lui valoir un césar.
En même temps Lonsdale n'est pas n'importe qui.
On parle d'un comédien qui a tourné avec Losey, Spielberg, Amenabar, Milos forman,Sautet, Truffaut, René clément, Jean jacques Annaud,Godard, marguerite duras, Marcel carné, Louis malle, Lautner, fred Zinneman, Bunuel, Costa Gavras, Frankenheimer, James Ivory, Bertrand Blier, francois Ozon .
Dans cette monstrueuse carrière il aà la fois donné la réplique à Louis de Funes dans Hibernatus, joué le mechant dans le James bond Moonraker ou le pretre dans le proces d'Orson Welles.
A cela vient s'ajouter une mise en scène plus que maitrisée qui ne tombe jamais dans le pathos.
Le film compte même une grande scène de cinéma qui à elle seule donnerait la peine au film d'être vu.
C'est la fameuse scène du diner ou la musique, la chaleur, la sérénité, l'étalonnage, la photographie contraste volontairement et tellement avec le reste du film qu'elle porte une émotion magnifiée qui a fait probablement couler plus d'une larme aux spectateurs.
Des Hommes et des Dieux, si c'est un bon film reste un film exigeant.
C'est un film qui bouleversera, et pas seulement d'émotions de spectateur, ceux qui voudront bien se donner la peine de rentrer dedans.
On le déconseillera fortement aux amateurs de blockbusters américains ou à ceux de la comédie romantique du dimanche soir.
On encouragera le spectateur a voir le film durant la journée plutôt qu'en fin de soirée.
Malgré ses qualités ce film restera un ovni dans l'histoire du box office ou il a quand même fait plus d'entrée que le dernier Tom Cruise.
On aurait pensé ce film destiné à la diffusion dans les salles d'art et d'essai, les patronages et le cinéclub comme le Thérèse d' Alain Cavalier ou le Léon Morin Prêtre de Jean Pierre Melville
D'ailleurs ces trois films ferait une très belle rétrospective dans un cycle consacré à la foi et l'engagement dans le L'Eglise catholique.
Inutile de rajouter que nous sommes aussi assez loin de Don Camilo.