Spasme néologique après le visionnage du film "Des hommes et des Dieux".
En sortant du cinéma, la première pensée qui m'est venue fut : "ce film est neutrement religieux". Bon, ok, j'étais fatigué, mais je trouve que cela traduit mieux l'ambiance que "ce film est objectif vis à vis des religions".
On ne peut pas être objectif ; déjà par définition, et encore moins face à la bêtise religieuse.
Ce film me rappelle ma critique d'un livre de Marcuse (cf. : Marcuse au Pays de Candy ) : beau, émouvant, triste, mais tellement pathétique. La psyché religieuse est très bien explorée, mais, pour un athée, ce film est insaisissable. Il présente les problèmes d'incompréhension entre deux entités sectaires, qui, potentiellement, sont aussi néfastes l'une que l'autre. Mais il y a aussi un mur entre ce qu'un athée (ou un agnostique) peut ressentir et ce que va exprimer un religieux.
Un musulman qui bute un catholique ne me choque pas plus que deux lâches de la pensée s'accusant mutuellement de sophisme.
Le point positif de ce film, c'est la désacralisation de la mort. Enfin, ce n'est pas tout à fait juste. Disons plutôt qu'en la sacralisant au possible (en la rapprochant du sacrifice du Christ), les moines l'acceptent et l'assimilent comme partie intégrante du monde dans lequel ils vivent. Le sacré de la vie (des hommes) s'efface donc devant le sacré de la mort (du Christ). Et les deux sacrés s'annulent parfaitement.
En acceptant sciemment le risque d'être tués, les moines rejoignent leur idéal-type de divinité. Sorte de sacrifice suicidaire par la passivité.
Digression : le suicide est-il interdit par la chrétienté car il rapproche trop de Jésus?
Tout cela pour dire que si la méthode (sacralisation de la dualité Vie-Mort, donc désacralisation de cette dernière) est lamentable, le résultat est le même : la vie n'a aucune espèce d'importance.