Film de gangsters idéaliste, mais grotesque.
Voilà un film qui s'est fait discret, on ne l'attendait (presque) pas. Peu d'annonce, quelques bandes-annonces tout au plus. Pourtant le casting était on ne peut plus reluisant. Tom Hardy, un des acteurs les plus bankable du moment, Shia La Boeuf, qui a encore tout à montrer, Gary Oldmann, un vétéran du cinéma qui n'a plus rien à prouver tout comme Guy Pearce, bref, n'en jetez plus ! L'intrigue n'est pas des plus contemporaines mais la recette a déjà fonctionné avec Les Incorruptibles de De Palma.
Il faut dire que cette période de l'histoire américaine (la prohibition) est pile entre les deux grandes périodes "d'idéologie culturelle" des États-Unis ; la conquète de l'Ouest dont les plus grand cow-boys ont incarné un premier idéal aux yeux des américains via les dime-novels et les super-héros qui arriveront un peu plus tard via les comics. Cependant, certains bandits de grand chemin durant cette période ont été portés en héros eux-aussi, comme certainement le gangster le plus connu d'amérique, Al Capone.
Le film se concentre sur une famille, les Bondurant, qui, profitant de la prohibition, font circuler dans le comté de l'alcool illégalement. Des truands de la petite semelle en somme, mais ayant déjà leur propre légende dans leur entourage.
Là où le bas blesse, c'est que l'histoire se veut réaliste. Le grain de l'image, les costumes, tout porte à croire que ce que l'on voit est la réalité historique. Or, on retombe dans un western primaire, fordien au possible, avec tous les stéréotypes possibles et inimaginables : Un méchant très très méchant, un grand frère mastoc qui se bat comme personne, un petit frère chétif qui veut devenir aussi important que son frère, un femme qui veut s'affirmer dans un monde d'hommes. N'en jetez plus, vous aurez tout !
Là où le western a su se rénover, se remettre en question et tenter de manière presque ethnologique de refléter la réalité historique, bref remettre en question le complexe fordien, ce film replonge tête baissé dans tous les travers possible pour nous proposer un film hybride entre la comédie et le film de super-héros. De manière complètement involontaire et non-maîtrisée, il accumule les lieux-communs de l'histoire sans jamais montrer le moindre signe de crédibilité.
Le script est grossier, avec des catch-phrases toutes les 5 minutes, le cadrage typiquement westernaire est sommaire, champ/contre-champ et point barre ! Les acteurs ne sont pas fondamentalement mauvais, sauf peut-être Shia et Guy Pearce qui n'ont vraiment pas été aidés par leurs scripts. Gary Oldmann s'en sort finalement le mieux, son rôle durant en tout et pour tout 15mn.
Je reste persuadé qu'il est possible de faire un bon film sur la prohibition, sans caricature excessive, sans idolâtrie outrancière, mais ce film n'a fait que renforcer l'idée que j'ai des films contemporains essayant de retracer l'histoire : de la poudre aux yeux, une belle photo pour satisfaire le public. Et pour le scénar ? Bah on reprend les dime-novels de l'époque, les comics des années 50 et on mélange le tout ! Désolé Monsieur Hillcoat, mais ce n'est pas comme ça qu'on arrive à faire un bon film.