alcool frelaté et gueules patibulaires
Autant le dire d’emblée, je suis fan de Nick Cave depuis de nombreuses années . J’écoute ses disques et vais le voir en concert depuis 20 ans. Ce n’est donc pas une surprise à mes yeux que son univers sombre, lettré, habité peuplés de blues crasseux et de chansons poétiques et narratives se rapproche du Cinéma par le biais de scénarios.
Avec le réalisateur John Hillcoat, il a trouvé un alter égo extrêmement talentueux dans la transcription de cet univers à l’écran. Leur complicité avait déjà accouché de trois collaboration hyper intéressantes et recommandables avec « Ghost of the civil dead » et « The Proposal » ou NicK Cave signait le scénario et la musique, et La Route ou Nick Cave ne collaborait qu’ à la musique .
« Des hommes sans lois » marque le retour de Nick Cave en tant que scénariste pour retranscrire l’histoire d’une famille de distilleurs clandestins en Virginie durant la prohibition et le conflit qui les oppose à un Policier teigneux.
Si le synopsis est assez classique et dont l’intérêt ne saute pas particulièrement aux yeux, le film est pourtant une franche réussite .
Plus que sur l’histoire, Nick Cave s’est avant tout concentré sur l’étude des personnages . Il leur a apporté du souffle , du charisme, de l’originalité et de la profondeur. Ce soucis de travailler les personnages ne se limite pas aux personnages principaux mais aussi à une flopée de personnages secondaires .
Le film est donc peuplé de gueules patibulaires que n’aurait pas renié Sergio Leone, de personnages surprenants qu’on apprend à connaitre et auquel on s’attache au fur et à mesure que le film avance.
L’histoire prend souvent le temps de se détourner de l’intrigue de base pour apporter de l’épaisseur à ses personnages au travers de scènes tour à tour tragi-comique, violentes et bien senties .
La restitution des années trente et de la prohibition est extrêmement réussie. John Hillcoat est un metteur en scène qui sait tout filmer . Il y a des plans de paysages magnifiques, des scènes d’actions percutantes ( qui montrent comme dans « Drive » qu’on a pas besoin de filmer comme jason bourne pour avoir une action crédible), des moments de poésie, d’émotions et de drôleries bien senties. Il ne tombe jamais dans l’esbroufe et la surenchère propres au blockbusters actuels, et ca ca fait vraiment plaisir.
Tout cela est porté par une excellente BO qui colle au film et que Nick Cave a réalisé avec le violoniste Warren Ellis. Ils ont pris le soin d’orchestrer le film par un son de folk sudiste à la hank williams avec lequel ils se sont amusé à reprendre des standards bien plus tardif comme le White light /white heat du Velvet Underground. Il y a de vrais moments de grâce ou la musique s’impose comme un personnage à part entière.
Les acteurs sont extrêmement bien dirigés grâce au contenu et à la densité de leur personnage . Guy Pearce est phénoménal dans le rôle de l’agent psychopathe Rake. Tom Hardy impose une fois de plus son charisme ,avec cette fois ci un zest d’auto dérision, et rend une copie aussi saisissante que celle de Bane dans « The dark knight rise » ou celle qu’il rendait dans « Bronson ».On a hate de le voir dans le prochain Mad Max. Gary Oldman fait une apparition remarquée et Jessica chastain apporte une touche féminine pleine de sève au milieu de .
Le seul bémol revient à Shia le beouf , l’acteur au nom le plus ridicule du cinéma américain. Il n’est pas mauvais, loin s’en faut ,dans son rôle de jeune frère complexé et impulsif . Cependant il dénature involontairement le film en raison de sa ressemblance troublante avec le footballer Karim Benzema. On est dans une ressemblance presqu’aussi flagrante et ridicule que celle qui lie Michael Keaton avec Jullien lepers . Du coup , on a du mal à s’adapter à son personnage.
Des Hommes sans lois est donc une franche réussite qui laissera sur la route les intoxiqués des blockbusters mais ravira un public moins geek , amateur de films de Georges Roy Hill comme Butch Cassidy et le Kid ou ceux d’Arthur Penn comme bonnie and Clyde . Il y a pire comme références ….
On a donc hâte de connaitre la suite de cette association entre Hillcoat et Cave.