Des souris et des hommes.
Avec la complicité du musicien / écrivain / scénariste Nick Cave, John Hillcoat, réalisateur remarqué par les excellents "The proposition" et "La route" adapte un roman de Matt Bondurant, lui-même inspiré des "exploits" de la famille de l'auteur. Si la véracité des faits est à prendre avec des pincettes, la réussite du film, elle, est indéniable. S'éloignant le plus possible de tout glamour malvenu, John Hillcoat désacralise totalement le milieu du grand banditisme du débuts des années 30, décrivant un microcosme crade et poisseux, où nagent requins et autres barracuda sanguinaires. L'Amérique dépeinte par Hillcoat n'a rien de glorieuse, bien au contraire, et son film s'apparente finalement plus à un western qu'à autre chose, impression renforcée par une judicieuse utilisation du scope et par une superbe musique. Visuellement travaillé, tourné dans des paysages sublimes, "Des hommes sans loi", s'il ne révolutionne en rien le genre et souffre d'un petit problème de rythme, à néanmoins le mérite de s'attacher à de "simples" trafiquants d'alcool, comme il en pleuvait à cette époque, les grands noms du gangstérisme ne vivant qu'à travers les légendes et encore, Hillcoat prenant à malin plaisir à les démystifier, en témoigne la courte participation d'un Gary Oldman tenant plus de l'entrepreneur n'hésitant pas à se débarasser du moindre grain de sable gênant que du parrain ou de Tony Montana. En ce qui concerne le casting, principal argument de vente, on frôle le sans faute. Shia Labeouf prouve qu'il peut être très convaincant quand il endosse des rôles à sa portée (comme dans le très joli "A guide to recognizing your saints"), Tom Hardy imprègne la pellicule de son charisme incroyable (je pourrais l'écouter parler pendant des heures) et Guy Pearce compose un psychopate mémorable et complètement fou. Si elles n'existent que par l'intermédiaire de leurs collègues masculins, les (rares) comédiennes ne sont pas en reste, Jessica Chastain apportant une certaine grâce et une gravité à son personnage quand Mia Wasikowska irradie l'écran de sa présence fort agréable malgré un personnage à peine esquissé. Traversé d'une violence sèche à vous remuer les tripes et bénéficiant d'une reconstitution de toute beauté, "Des hommes sans loi" est un véritable bon moment de cinoche bien burné.