Voilà qui réchauffe les entrailles
Voici un film que je n’attendais pas à ce niveau. Amateur du genre, j’ai été conquis par la série des Parrains, Incorruptibles et autres série familiale mettant en scène ce cher Tony Soprano.
Gangster Squad fut une grosse déception, proportionnelle à la hauteur de mes espoirs, et ce malgré Misters Pean et Gosling. The Town avait par la suite eu le mérite de me faire reprendre espoir dans ce genre et, accessoirement en Ben Affleck. Mais ce dernier avait pris peu de risques en copiant, plus ou moins ouvertement, l’excellent Heat.
Des hommes sans loi a fait bien mieux : il m’a rassuré quant au genre. Oui, il est encore possible de faire un film qui, tout en respectant les codes éculés, ce qu’avait fait Affleck, peut y mettre sa pâte. Cette Amérique des années 20-30 a été maintes fois mise en lumière. Non, on n’apprendra pas grand-chose de plus sur cette prohibition. On se retrouve dans des rues où, façon western des familles, on troc le colt pour une bonne vieille sulfateuse à tambour, étrillant à bout portant la Ford T ou le tacot du malheureux concurrent. Mais John Hillcoat et Nike Cave ont eu la bonne idée d’aller plus loin. Sortir des villes, de l’ombre écrasante de Chicago, pour la cambrousse. Voir la prohibition par le prisme de cette Amérique profonde, ô combien plus authentique que la New-York cosmopolite et si décalée de ces « pecnauds » pour citer le superbe agent spécial.
Ce film sent bon la fermentation du whisky frelaté. La bande son sonne juste. Très vite, nous sommes immergés dans ces forêts acides. Ces trois frères sonnent juste, le salaud est à la hauteur. Simplement, en exploitant à fond tous les codes du genre, le film nous offre une véritable virée, sanglante, décalée (comme ce portrait de Mormons des familles à la Witness), enivrée et, à bien des égards, épatante. Rien n’est révolutionné, tout est utilisé avec justesse, sans forme de prétention autre que celle de mettre en forme une histoire vraie.
Un petit mot sur le casting, impeccable ; Shia LaBoeuf est convaincant, ce qui était loin d’être gagné. Dane DeHaan confirme l’excellente prestation de The Place Beyong the Pines (film que je serai incapable de critiquer). Guy Pearce est jubilatoire, Gary Oldman peu présent, ce qui lui évite d’écraser le film (mais pas la tronche de ses collègues). Tom Hardy sonne juste dans son rôle ombrageux de « bad boy héros ténébreux » vu et revu mais efficace. Quant à Jessica Chastain, elle confirme un potentiel rare et énorme. Glaciale dans Zero Dark Thirty, touchante dans Take Shelter, elle est ici juste à tous points de vue et tout simplement belle.
Un vrai bon film d’ambiance, de gangsters qui ne révolutionne rien, mais a le mérite de nous immerger ailleurs. Un 8 volontariste s’imposait.