John Hillcoat revient pour un cinquième film cette fois-ci inspiré du roman biographique de Matt Bondurant qui racontait les déboires des grands-parents de l'auteur, hors-la-loi durant la prohibition aux prises avec les dirigeants de l'ordre et en particulier un cruel agent spécial... C'est donc à travers l'Amérique profonde des années 30, en Virginie, que nous faisons connaissance avec les frères Bondurant composés de Forrest l’aîné calme comme l'eau claire mais une véritable machine à tuer quand on lui manque de respect, Howard le bagarreur notoire incontrôlable et enfin Jack, le plus jeune et un poil trop ambitieux, qui rêve d'être un gangster respecté de tous...
Forrest, c'est Tom Hardy : imposant, glacial, terrifiant même, l'acteur anglais nous impressionne une fois de plus en campant ce frère aîné protecteur indestructible et impassible. Howard, c'est le talentueux mais bien trop discret Jason Clarke qui interprète ici la folie même du clan Bondurant, décochant autant de coups de poings que de répliques cinglantes. Enfin, Jack est campé par l'improbable Shia LaBeouf certes bien loin de Transformers mais pas non plus épatant, le jeune acteur ayant encore du mal à s'imposer dans des rôles de composition.
À leurs côtés, nous faisons face à une galerie d'acteurs tout simplement brillants bien que certains soient grandement sous-exploités à l'instar de Gary Oldman, pourtant parfait en gangster impitoyable, ou encore l'excellente Jessica Chastain, au rôle important mais pas assez utilisée. Le personnage le plus marquant du film restera sans aucun doute celui de Charlie Rakes, l'ordure de flic habité par un Guy Pearce impressionnant sous son léger maquillage, l'acteur retrouvant par ailleurs le réalisateur pour la troisième fois. Décors sobres mais réussis, ambiance des années 30 respectée, musique adéquate, séquences d'action nombreuses, bien menées et plutôt sanglantes, histoire simple mais efficiente... On regrettera cependant la mise en scène un brin trop classique de Hillcoat qui, malgré des efforts visibles, n'arrive pas à transcender.
Plus proche d'une courte mini-série que d'un réel film de gangsters épique et intemporel, Des Homme sans loi manque cruellement de personnalité, de style, de marque, défaut qui ne lui permettra pas de tracer sa marque dans le genre, malheureusement. Mais que l'on se rassure, le long-métrage reste une puissante réussite, principalement portée par des acteurs habités menant une véritable guerre contre des forces de l'ordre corrompues mais aussi discrètes lorsque le diabolique Rakes décide d'intimider la famille la plus respectée du Comté. En bref, un film de gangsters dramatique, tonitruant et efficace qui regorge tout de même de quelques malencontreuses inégalités lui empêchant d'être un plein chef-d’œuvre...