Des Hommes Sans Loi : un film de gangsters comme on les aime
Des Hommes Sans Loi ne déçoit pas, au contraire il peut se targuer d’être un excellent film, pouvant surpasser nos attentes. Dès les premières secondes, nous sommes plongés dans l’Amérique des années 30, en pleine période de prohibition. L’action se déroulant dans le comté de Franklin en Virginie, où se trouvent les frères Bondurant (Howard le cadet, Forrest l’ainée qui fait office de chef de famille et Jack, le plus jeune), producteurs d’alcool et légendes locales. Donc ici pas de grande ville, ce qui change Logique dans le sens où le film est une adaptation du roman historique de Matt Bondurant (petit fils de Jack Bondurant) « Pour quelques gouttes d’alcool ». Le film se positionne donc du point de vu des frères Bondurant, et plus particulièrement de Jack Bondurant, le plus jeune, habilement interprété par un Shia LaBeouf habité par son personnage. John Hillcoat nous met directement dans l’ambiance et place très rapidement les enjeux de son film : l’arrivée d’un nouveau procureur qui espère se faire graisser la patte, et d’un agent spécial (interprété par le toujours nickel Guy Pearce) va mettre l’équilibre de ce business à mal. Bien évidemment les frangins ne vont pas se laisser faire et les armes vont être de sorties. La forme du récit est assez académique voire classique, il n’en demeure pas moins que celui-ci est extrêmement bien écrit. On peut reprocher un scénario sans réel surprise, bien que la base étant solide. Pour autant, on remarque très rapidement que le récit est au service des acteurs et non le contraire. Le contexte de l’histoire a beau être l’Amérique des années 30, on peut déceler une pointe de contemporain dans le scénario. On sent tout de même un léger parti pris mais ici pas de manichéisme, juste des personnages qui assument ce qu’ils font. John Hillcoat nous offre une réalisation, qui est à la fois académique mais aussi ponctuée de belles trouvailles techniques, de plans biens sentis. L’alternance de scènes « plus posées » et de scènes d’actions (voire de gore) fait penser au film Drive de Nicolas Winding Refn. Malgré tout, et lors des moments plus âpres du film, John Hillcoat a l’intelligence de ne pas s’éterniser là-dessus, et d’être parfois plus dans la suggestion, ce qui intensifie l’impact des scènes en question. Concernant l’alternance des scènes, elle se fait de manière habille et ne plombe jamais l’ensemble. Le rythme est soutenu et l’ensemble maîtrisé d’une main de maître. Les scènes d’actions jamais gratuites ou inutiles, toujours prenantes. Même les moments plus posés sont sublimés par l’interprétation des acteurs et actrices. Au niveau de la bande-son, elle est l’œuvre de Nick Cave et Warren Ellis. Celle-ci habille parfaitement les scènes du film. Elle est magique. Une fois de plus le duo fonctionne à merveille. On remarque qu’une grande attention a aussi été portée à la photographie. Il en va de même pour la reconstitution historique du comté de Franklin, malgré un côté toujours contemporain dans l’ambiance et l’atmosphère. Au niveau du casting. Shia LaBeouf surprend et prouve que c’est un excellent acteur, investis dans son rôle. Il trouve, pour l’instant le rôle de sa vie. Au début fébrile, il devient presque charismatique et flippant vers la fin du film. Jason livre une excellente prestation. Dane DeHaan (vu dans Chronicles où il était très bon) joue à la perfection son rôle, qui est certainement le plus touchant du film. Gary Oldman très bon, même si l’on peur regretter le fait qu’il ne soit pas assez présent à l’écran. Guy Pearce est parfait en pénible agent spécial qui se joue des lois pour coincer les frères Bondurant. Jessica Chastain est pleine de grâce, de sensibilité. Mia Wasikowska, elle aussi, joue tout en légèreté et grâce. Maintenant venons en à Tom Hardy. Que dire à part que c’est un monstre. Il livre, une fois de plus, une performance hallucinante. Il bouffe tout simplement l’écran. Il est charismatique et on ne voit que lui. Il n’a pas besoin d’en dire beaucoup pour se faire comprendre, juste un regard. Et Tom Hardy possède un regard de dingue. La relation entre les différents protagonistes est très travaillées et crédible. Shia LaBeouf arrive presque, vers la fin du film, à tenir tête à Tom Hardy. Mais il faut avoue que les meilleures scènes sont celle entre Jessica Chastain et Tom Hardy, parfois légère mais souvent grave. La dernière scène entre les deux donne des frissons car elle est pleine d’intensité, d’émotion. Pour résumer, John Hillcoat reprend, à travers son film, les codes du genre pour nous livrer un classique, sublimé par sa réalisation ainsi que pas son casting. La prohibition a souvent permis à Hollywood d’accoucher de grands films, Des Hommes Sans Loi en fait définitivement parti. Ce n’est peut-être pas un chef d’œuvre, il n’en demeure pas moins que c'est un très grand film.