Partie de campagne
Deux hommes, allongés à même le sol, méditent sur la terrasse d'une villa indienne. Avec une indolence proche de la torpeur, ils regardent dans le vague. Il fait chaud. Tout est calme. Des animaux...
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J'ai été un peu gêné au début avec un certaine influence du cinéma italien "intellectuel" comme Antonioni et Fellini (celui des Vitelloni) qui ne se prête pas très bien au cinéma de Ray avec une froideur désarçonnante. Mais on se rend compte que ce détachement correspond à celui des 4 héros masculins qui se révèlent arrogants, machos, immatures voire méprisant envers ceux plus modeste que eux. Placer l'histoire dans la région du Bihar est très pertinent puisqu'il s'agit d'une des régions les plus pauvres de l'Inde, confrontant leurs comportements à une réalité qu'ils préfèrent ignorer par égoïsme puis par culpabilité. Ils arrivent dans cette région avec leur habitudes de corruptions sans de poser de questions sur les conséquences que cela peut avoir. Ray en profite pour faire un portrait assez stupéfiant d'une population qu'on a rarement l'habitude de voir se comportement aussi crûment : ça boit beaucoup, même les femmes, des membres d'une caste bourgeoise couche avec des femmes issus de minorités ethniques, une veuve exprime avec désespoir sa frustration sexuelle, on drague en dehors du mariage etc...
Pourtant le regard de Ray n'est pas cynisme, complaisant, provocateur mais au contraire il parvient à créer une certaine tendresse envers un quatuor pathétiques et peu reluisants. Contrairement à Kanchenjungha, je trouve que l'étude de caractère est bien mieux construite, moins éparpillée sans jamais amenuiser les seconds rôles qui ne sont pourtant présents que lors de courtes scènes. Son sens de l'observation et du détail y est beaucoup plus brillante et affutée. La scène du jeu de mémoire lors du picnic est formidable à ce titre avec tout un montage dans les échanges de regard qui expriment beaucoup... beaucoup plus que ce que les hommes ne comprennent d'ailleurs (la fille faisant exprès de perdre pour entretenir la séduction par exemple). Mais on pourrait citer la perte du portefeuille, le traitement infligé à leur serviteur tout au long du film, les tentatives de parler anglais, le fait que le sportif choisisse une femme de basse condition sociale etc...
Le film ressemble ainsi à une cocotte minute sous le point d'exploser et il y a quelques moments où ce point de rupture se produit (l'agression dans la forêt, le veuve se changeant pendant le café, le twist nocturne).
Ce n'est pas le plus aimable et le plus vibrant film de Ray mais l'écriture est vraiment l'une de ses plus abouties, riches et passionnantes. Durant le film j'étais un peu déçu et extérieur mais plus j'y pense, plus je le revois à la hausse. J'aimerai bien le revoir prochainement et dans une meilleure copie que les bobines bien fatigués de FSF.
Créée
le 28 nov. 2016
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