Des nouilles aux haricots noirs par Miroir-rioriM
Castaway est un des rares films d'amour qui a réussi à m'émouvoir, à me faire rire et à me toucher. Car oui, malgré le pitch qui le rapproche d'un Drame, Castaway se rapproche plus de la comédie romantique qu'autre chose.
Un looser qui vient de se faire larguer par sa copine, et en situation financière difficile, va se retrouver sur une ile déserte en plein milieu du fleuve ...
Ça vous fait penser à Seul au monde ? C'est tout à fait normal, le film s'en inspire, ça se sent nettement, sur plusieurs points, sur plusieurs scènes.
Mais ça ne gêne absolument pas, car le film prend également nettement ses distances, et acquiert sa propre personnalité.
Car cette petite description ne correspond pas au cœur du film. Pour moi, c'est avant tout une relation entre une Hikikomori et ce looser qui constitue le véritable intérêt.
La réalisation est de qualité, et la mise en scène est soignée.
On sent qu'il y a légère une réflexion sur l'esthétique un peu partout, même dans la chambre de l'Hikikomori. Moi, j'ai bien aimé, mais tout le monde n'y sera pas forcément sensible, ça reste un film coréen.
Toutefois, ce n'est pas lourd, et ce n'est pas principalement basé sur ça. C'est sur quelques points particuliers, ça reste agréable.
La B.O est quant à elle très jolie, et soutiens bien le film, même si elle n'est pas extraordinaire en elle-même.
Le rythme est bon, et le film se déroule de façon fluide, et nous emporte facilement.
Les personnages sont extrêmement touchants et attachants. Ils ne sont qu'au nombre de deux mais ils sont très intéressants. Ils ne sont pas développés mais quelques touches discrètes permettent de les connaître et de les apprécier si on est observateur. Comme quoi, pas besoin d'en faire des tonnes pour donner quelques informations sur les personnages.
Les acteurs sont également très bons, du moins d'après ce que j'ai pu en voir à travers la V.F, ils touchent juste, et donne les bonnes émotions. Et comme toutes les V.F coréennes que j'ai pu croiser, elle est plutôt mauvaise.
Les thèmes sont finalement plutôt nombreux. Hors celui de l'histoire d'un homme qui vit seul, dans la nature, ce qui est finalement une simple toile de fond, plusieurs sujets sont abordés. Dans tous les cas, il n'y a pas de jugement, pas de manichéisme.
La solitude et le mode de vie Hikkikomori, d'un côté. Sans avoir un point de vue désapprobateur et moralisateur de prime aspect, le film traite de ce mode de vie solitaire, puis son évolution.
De l'autre, on a la pression du mode de vie actuel, une vie « ratée » en quête de sens. Il saisit une occasion d'en sortir en restant sur son île.
Je pense que le film fait un net parallèle entre les deux.
C'est vrai que c'est un film un peu anti-système, un peu anticonformiste, mais ça fait parfois du bien, et je ne pense pas que le film surf dessus. En tout cas, ce n'est pas envahissant.
Tout est abordé en simplicité.
On ne peut pas ne pas noter les similarités assumées avec Seul au monde dont deux nets clins d'œil ( la boite de conserve et le canard, pour ceux qui ont vu le film ). Le tout début du film reste assez semblable. Mais, en réalité, les dissemblances sont beaucoup plus nombreuses, et jouent sur le résultat final : La situation de l'ile fait que le dialogue est possible, et se place peu à peu au centre du film. Le naufragé choisi sa situation, contrairement à Tom Hanks bloqué malgré lui. Et donc son but et son mode de vie devient tout à fait différent. Et au final, grâce à ces deux-trois variantes, on a deux films très différents.
Le ton est juste, sensible sans être lourd. Le film touche où il devrait toucher, à mon avis.
L'humour est pas mal présent dans ce film, distillé tout au long du film, de façon très douce et très agréable, apportant une touche très appréciable.
Le scénario peut paraître complétement invraisemblable, au départ, mais cette impression s'est effacée au cours du film, en tout cas pour moi, car on est emporté par l'histoire et les personnages. Sinon, il n'a pas grand intérêt en lui-même, le film reprend un archétype et le traite ( de façon magistrale ) à sa manière.
Au final, sans tomber dans le plagiat, et même avec un départ semblable, Castaway peut regarder Seul au monde dans les yeux sans rougir. Personnellement, je préfère même ce film, il est plus riche, et je préfère l'esthétique et l'histoire qu'il développe. Il a juste le défaut d'arriver « après ».
Décidemment, je crois que j'aime un peu immodérément le cinéma Coréen.