(Critique écrite après l'avant-première organisée par SensCritique le 2 mars)
Des nouvelles de la planète mars, c'est l'histoire d'un homme normal (pour peu que cela veuille dire quelque chose), ayant pour existence rien d'autre qu'une routine un peu ennuyeuse. Jusqu'à ce que tout soit chamboulé. Comme c'est une comédie, tous les ennuis arrivent en même temps.
Film reflet de son temps, le personnage de François Damiens - Philippe Mars - est un homme dépassé par son siècle (sa fille le lui dira). Chaque personnage gravitant autour de lui est le réceptacle d'un grand thème de société : la maltraitance des animaux, le végétarisme, la valeur travail, l'amour, la sexualité, la transmission.
Foncièrement sympathique, et sans réelle volonté ou pouvoir d'autorité, Philippe Mars se fait embarquer et ballotter dans les vies des autres, seul référent "raisonnable" dans cette galerie de personnages. C'est sans aucun doute le coup de génie du film : faire de François Damiens l'incarnation de la normalité (merci à la personne qui a posé la question lors de l'avant-première SensCritique, c'est parfaitement ça). Comme des coucous qui viennent envahir son petit nid, les personnages s'accaparent le petit appartement anonyme de Philippe Mars et grignotent de plus en plus son existence, son espace : le voilà affublé de grenouilles, d'un chien, d'un collègue dérangé (qui a bien failli le tuer par maladresse). L'impact des autres sur sa vie est palpable. Philippe Mars perd son espace au point où il devra carrément quitter sa chambre - dernier bastion de tranquillité - pour dormir sur le canapé avec son collègue.
Évidemment, ce grand chamboulement permet au personnage de renouveler son regard sur sa propre existence, de s'interroger sur son rôle de père, son but dans la vie. C'est doux, tendre, légèrement existentiel. En effet, François Damiens n'est qu'un homme "raisonnable" qui ne demande qu'à exploser, lui qui fait le rêve récurrent d'être un spationaute voguant au-dessus de Paris.
Optimiste, le film se termine en une grande réunion de tous ces personnages qui se sont mis à se détester (grandes embrassades). Après la déluge d'une nuit de cavale jusqu'à Sedan, le jour se lève, le soleil brille et Philippe Mars est un homme nouveau.