George et Lennie, un colosse simple d'esprit, arpentent l'Amérique de la Grande Dépression à la recherche de travail dans des fermes. La force incontrôlable de ce géant leur cause des soucis pour garder un emploi, mais leur amitié est plus forte que tout, et ils marchent jusqu'à trouver une ferme qui veuille bien d'eux, en espérant économiser pour se payer leur propre lopin de terre. Seulement, la violence et la persécution sont encore là.


Adapter Des souris et des hommes était le rêve d'adolescence de Gary Sinise, lequel s'est battu contre vents et marées pour faire ce film et le réaliser, d'autant plus qu'à l'époque, il n'était pas connu. Il avait surtout une réputation dans le théatre, mais il est à noter que cet excellent second rôle qu'on voyait surtout dans les années 1990 (Forrest Gump, Apollo 13 ou Snake eyes) a démarré tardivement dans le cinéma, et cette adaptation du roman de Steinbeck sera son second et dernier film en tant que réalisateur pour cause d'échec commercial.


Pourtant, je trouve qu'on y trouve le sel du roman, à savoir une belle plongée dans l'Amérique des années 1930, où ces vagabonds errent de ferme en ferme, laissant admirer de très beaux paysages, sous une couleur presque automnale, mais surtout, j'y retrouve la formidable amitié entre George et Lennie. Qui pourrait être perturbée par le caractère de ce dernier, mais elle reste de l'ordre de l'inflexible, y compris quand le pire va arriver. A ce titre, bien qu'on pourrait dire que John Malkovich en fasse beaucoup, je le trouve touchant, car au fond, comme le dit le personnage joué par Sherilyn Fenn, c'est un bébé dans un corps de géant, et qui raisonne comme tel, jusqu'à pousser la machine dans la pire noirceur, notamment quand ses pulsions de violence vont prendre le dessus pour le faire devenir dangereux. Quant à Gary Sinise, il est comme une sorte de conscience pour ce type, opaque sur son passé ; à un moment donné, il dit à la jeune femme qu'il n'a jamais connu de petite amie, ça sera la seule chose qu'on connaitra réellement de lui.


A la manière de l'autre grand roman de Steinbeck, Les raisins de la colère (qui a donné un des chefs d'oeuvre de John Ford), Des souris et des hommes est un très beau portrait de l'Amérique en ce temps-là, et je trouve que le film est une belle réussite. Avec le temps, j'ose espérer qu'il sera un peu réévalué (ce qui semble devenir le cas, vu sa note sur Rotten Tomatoes), car c'est rare qu'on sente qu'un réalisateur a mis tout son coeur à l'écran pour être aussi proche que possible.

Boubakar
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le 17 janv. 2024

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