Le vent a plutôt mal tourné
C'est en voyant la bande-annonce que j'ai commencé à avoir des doutes concernant la qualité du film. N'avoir rien à montrer au point d'en entrecouper des extraits avec des avis de spectateurs, honnêtement, ce n'est pas un procédé très judicieux. On se dit inéluctablement que ce stratagème publicitaire vise à masquer le vide du film, ou bien les piètres performances des acteurs. Bref, quand on voit le coup du "micro-trottoir", on se dit qu'il y a anguille sous roche. Sans compter que les spectateurs interrogés, tous plus bouleversés et émus les uns que les autres, sont un leurre et un appât bien malhonnêtes : effet persuasif poussif, qui, à trop vanter les mérites de cet objet cinématographique, ne fait au final qu'en souligner l'aspect décevant.
A l'arrivée, le résultat n'est évidement pas à la hauteur des promesses.
Mise à part quelques scènes sincères et touchantes, comme le moment de complicité entre Ramzy et son fils qui dansent ensemble, la scène du match de foot, de la peinture, ou encore celle de l'annonce finale que Magimel fait à ses enfants, cela ne suffit pas à rehausser le niveau approximatif des "Vents Contraires".
D'une part, les thèmes soulevés, assez lourds, sont portés à l'écran de manière peu subtile. Acharnement de la police envers les minorités, messages de tolérance appuyés, bons sentiments à outrance, le film prend un tournant politiquement correct beaucoup trop évident pour être légitime.
D'autre part, l'acharnement du sort sur la famille de Magimel et son entourage instaure une atmosphère de pathos à la limite du crédible. Trop de malheur tue le malheur. Deux accidents, trois morts, un cocu, trois orphelins, un couple stérile, des familles brisées... N'ayons pas peur de le dire : c'est too much.
Enfin, les acteurs ne sont pas au meilleur de leur forme : entre un Magimel mono expressif, une Marie-Ange Casta moche et insignifiante, une Isabelle Carré sous exploitée et un Bouli Lanners dont la présence reste relativement injustifiée, le casting n'est pas au beau fixe. Ramzy, même si il livre une prestation honorable, n'est pas non plus au sommet de son art contrairement à ce qu'en disent certaines critiques. Seul Duléry, toujours drôle et tendre, sait rendre son personnage attachant.
Pour conclure, on peut dire qu'il se dégage de ce film une fraîcheur et une simplicité agréables mais le sujet est traité avec de gros sabots, défaut majeur qui fait que l'histoire perd fortement en intensité.