Plane Dead
4.4
Plane Dead

Film de Scott Thomas (2007)

Un avion, des zombies. Un autre exemple d’une zombisploitation qui occupe alors tous les terrains, et même l’atmosphère. Autant jeter le DVD et rêver à des jours meilleurs ?

Pourtant Plane Dead est une surprenante petite surprise, une série B de bonne tenue, qui, sans emmener l’amateur au 7ème ciel, est loin de se crasher pitoyablement.

Plane Dead se prend au sérieux, et l’explication de ce virus arrachera un sourire moqueur, mais qu’importe. Il utilise un panel de personnages bien catégorisés, peu surprenants, mais qui évitent pour l’essentiel la caricature. Parmi cette sélection, l’agent d’interpol et surtout son détenu menotté, à l’humour froid et légèrement sarcastique, ou ce golfeur professionnel doux comme un agneau, font partie des petites réussites. En quelques scènes, parfois courtes, tous ont droit à leur petit moment de présentation, certains un peu plus. Mais quand sonnera le glas, le résultat sera le même pour tous les infortunés, les mises à mort sont rapides, parfois brutales, le film ne fait pas durer inutilement.

Plane Dead peut le faire car il est conscient des limites de ses possibilités. Dans un avion, il est bien plus difficile de fuir. Alors il installe son petit monde, ses personnages, la menace des zombies ne prenant son ampleur que progressivement. Pour ses personnages, il use de subterfuges, car le membre du personnel a déjà fort à faire avec des avaries techniques ou l’évasion du détenu. Parmi les turbulences de l’avion la présence de morts vivants n’est pas évidente, jusqu’à ce qu’il soit trop tard.

Cette progression est assez bien gérée, installant la peur par à coups, tout en laissant l’angoisse se répandre. A bien des égards, Plane Dead apparaît alors comme un thriller entre les airs, à comprendre ce qui peut arriver, dans ce huis clos métallique, mais aussi comme un film catastrophe, l’avion menaçant de s’écraser. Mais quand la menace zombie éclate, le film devient alors plus nerveux, plus sanguin. Ce n’est peut-être pas des plus subtils, le film devient plus classique, plus attendu, mais cela reste tout de même assez efficace. Les morts des zombies offriront tout de même à l’amateur du gore quelques scènes plus grotesques, réjouissantes.

Des zombies dans un avion, il aurait été facile de se louper. Mais le réalisateur Scott Thomas préfère jouer la montre, installant sa menace progressivement. Et il faut reconnaître qu’il le fait bien, jouant des espaces. Les zombies sont des bêtes féroces, sauvages, énervées, qui s’abattent comme une horde mais se replient aussi pour dévorer leurs proies. Ce sont des animaux, que le film fait agir dans les interstices de l’avion, dans ses conduits, entre ses murs. Dans les trous du sol ils sortent comme des créatures échappées des Enfers. Dans ses meilleurs moments Scott Thomas déjoue les attentes, à l’image de ce jump scare dans les toilettes, et sa fausse piste terriblement efficace.

Si le film ne semble pas témoigner d’un grand budget, il n’en reste pas moins correctement réalisé, malgré l’exiguïté d’un tel décor, même si le réalisateur tord la réalité pour assurer le spectacle de son film. Il peut aussi compter sur une pelletée de seconds rôles américains, de ceux qu’on a déjà croisé ici ou là : David Chisum, Kevin J. O’Connor (mon préféré, le détenu), Erik Avari, Richard Tyson (en faux Kurt Russell), Derek Webster et bien d’autres. Tous n’offriront pas le même effort, mais le film est tout de même bien joué, la preuve que Scott Thomas tenait à ce que son film ne soit pas un ratage.

Entre film catastrophe et film d’horreur, Plane Dead (ou Flight of the Living Dead: Outbreak on a Plane de son petit nom dans la langue de Romero) est bien plus éloigné de la série Z ou du nanar que son titre et son concept laissaient suggérer. Il offre une honnête série B, aux qualités certaines, exploitant son idée avec un évident soin, à la tension sourde avant qu’elle n’explose.

Mesdames et messieurs, cette critique prend fin, veuillez écouter cette anecdote avant votre retour dans le monde réel. L’avion de Plane Dead en question, un Boeing 747, se dirige vers Paris et s’appelle Concorde (et la compagnie Concordair). Amusant clin d’oeil francophile à notre regretté Concorde qu’il est curieux de retrouver dans un film américain.

SimplySmackkk
7
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le 25 oct. 2024

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