J'étais à deux doigts de coller le film directement dans ma liste sur les titres traduits avec les pieds (http://www.senscritique.com/guyness/liste/73873/--je-suis-bete-a-manger-du-foin--je-n-ai-aucun-sens-artistique-et-je-ne-sais-pas-quoi-faire-dans-la-vie----traducteur-de-titres--ca-vous-dit---ca-paye-en-dollars-/) quand le générique me refroidit aussitôt.
Oui, l'esprit de ce "human désire" est assez fidèlement rendu, malheureusement.
Voilà un scénar qui chemine haut.
C'est l'histoire d'un gars qui fait pouffe pouffe, et se plante.
Entre la brune de (humble mais) bonne famille aux yeux pétillant et la blonde fatale, il aurait pu se douter que le deuxième choix était le mauvais. Glenn Ford incarne un pilote de locomotive, bon gars bien droit, qui, par amour, va devoir se mêler des affaires sombres et sordides d'un couple à bout de souffle tiraillé entre un vieil alcolo brutal et une blonde (donc, Gloria Grahame, pas vraiment incandescente) aux confessions multiples et protéiformes.
Une histoire qui ne manque pas d'atouts et de charmes par un traitement forcément humain (avec un titre pareil), librement inspiré de la bête humaine de Renoir (mais assez loin de son modèle, comme le reconnaissait assez amèrement Lang) et donc encore plus loin de son roman d'origine, d'Emile Zola.
Pourquoi cette impression mitigée de la part de son propre réalisateur ? Un peu par manque de moyen, un peu par un remaniement successif des moutures du scénario.
Enfin, et c'est sans doute le charme principal du métrage, "Désirs humains" s'inscrit dans la longue tradition de films qui vous font découvrir les ficelles d'un métier vu de l'intérieur avec force petits détails rigolos qui font que l'ensemble sonne terriblement vrai malgré un ou deux défauts comme une série de faux raccords initiaux curieux (un homme marche le long de la voie ferrée à l'envers, le décors défile à toute allure derrière Ford quand le plan général suivant montre le train arrivant en gare au ralenti) ou encore un sosie américain de Muriel Robin qui vous font bondir fugitivement hors de l'histoire.
Un Lang mineur, qui marque le glas de la carrière américaine confortable du réalisateur, la suite s'inscrivant désormais sous le signe de productions conflictuelles et resserrées. Avant qu'épuisé, il ne revienne en Europe.
Une sorte de mauvais aiguillage alors qu'il pensait sa trajectoire sur de bons rails, finalement.
Une tentative de Lang morte.