Je crois bien que ce coup là j’ai eu le nez fin. C’est par un bel après-midi ensoleillé que j’ai déniché ce trésor dans une pile de DVD à 1 euros l’unité du Cash Express de ma Meuse natale. Une jaquette avec un monstre en 3D et des photos semblant tout droit tirées d’une cinématique de jeu vidéo des années 2000 genre Resident Evil. J’étais pressé de mettre le disque dans mon lecteur et de le regarder avachis sur mon duvet avec une bonne tasse de café, mais j’ai préféré attendre quelques temps la visite de mon meilleur ami pour le découvrir à moitié bourré lors de notre festival coutumier de série bis. Le bousin nous a très vite semblait être un pure produit livré par le département marketing de l’Eglise Catholique qui chercherai à séduire les jeunes brebis égarés passionné par les Doomlike, tant le récit enchaîne les séquences d’action bourrines, les morceaux de bravoures et sacrifices de ses protagonistes, le tout baignant dans la religion et un manichéisme clairement défini par les forces du bien et du mal.


L’histoire suit la résurrection d’un artiste incompris pour ne pas dire raté puisqu’il se retrouve invité à démissionner de son boulot de graphiste après s’être endormi sur son clavier. La journée commence donc plutôt mal, d’autant qu’en rentrant chez lui, c’est pour s’apercevoir que ses meilleurs amis aident sa femme à déménager suite à de nombreux loyers impayé. Sans emploi, dépossédé de sa maison et désormais de sa femme qui souhaite arrêter les frais avec lui tant qu’il n’aura pas un peu mûri ou le porte-feuille un peu plus garni, Hauge va rapidement sombrer dans l’alcool et les médicaments et faire une sortie de route au sens propre comme au figuré direction le purgatoire des âmes tourmentées. C’est dans cet univers alternatif entre la vie et la mort qu’il va se retrouver aux griffes d’un groupe de clodos qui vont chercher à s’emparer de ses vêtements (ou bien de son âme je ne sais plus vraiment). Heureusement un ersatz de Samuel El Jackson va venir le sauver avec toute son équipe de bras cassés au volant de leurs bolides en 3D.


Sinon, le méchant est un diable exalté aux yeux révulsés, qui remue les bras comme la diva du Cinquième élément et traitent ses ennemies de « cancrelat ». Quant aux héros, ce sont des Desperados habillés comme des Rangers de Zion Valley cherchant à évangéliser ces terres de sauvageons. Leur leader aime bien balancer des versets de la bible en dégommant des hordes de loqueteux et son bras droit « Fume » est non seulement un aviateur Japonais, mais aussi le fils caché de Toshiro Mifune qui serai naît d’une liaison extra-conjuguale avec une latino sur le tournage de Soleil Rouge. Forcément un bridé typé chicano avec une veste de kamikaze arborant le drapeau du soleil levant peut difficilement convaincre même en débitant des répliques philosophiques plus grande que la vie ou en balançant des « Banzai ! » à la gueule de ses ennemies. Vous l’aurez compris, Philip Cook n’a honte de rien, et c’est tant mieux tant je comprends l’artisan derrière son projet fou qui aura mis plusieurs années à se concrétiser. Si je le comprends tellement, c’est aussi parce que je me suis moi-même rendu coupable d’un nanar stratosphérique de la même envergure dans une 3D aussi boîteuse que lui avec un ami doué pour le modding afin de remporter le prix de la Résistance et de la Déportation en 2011 avec un sujet tout aussi similaire (un groupe ultra stéréotypés genre Les Douze salopards qui font de la résistance sous l’occupation nazi avec un Japonais dont on pine que dalle à ce qu’il dit).


En bref, Despiser c’est un peu le film que j’ai livré à l’époque du lycée sans même avoir conscience de son existence, les esprits dépravés se sont donc croisés sans jamais se rencontrés. Dans l’oeuvre de Philip Cook, il s’agit d’une suicide squad qui erre dans le purgatoire en combattant des terroristes pour les empêcher de détruire leur monde à grand renfort de missiles nucléaires parce qu’ils aimeraient forcer les portes du royaume des cieux, quant à mon film c’était des maquisards qui tentaient d’empêcher les nazi a balancer le V2 dans un village de la France Profonde, et nos films en commun de finir dans les mêmes effets pyrotechnique. Ce n’est donc pas l’enfer, mais c’est tout comme, et toutes les routes semblent y mener tant l’environnement y est bien plus austère et apocalyptique qu’un désert Mad Maxien. Quant à Hauge, il se retrouve d’abord entraîné malgré lui dans cette lutte avant d’épouser la cause pour tenter de sauver l’âme de sa bien aimée. Evidemment comme ce dernier est l’élu de la prophétie, le bien triomphera du mal dans un climax qui ressemble à Aladdin. Et après de telles péripéties, l’artiste va retrouver l’inspiration et connaître une véritable succès story en signant des toiles de maîtres inspirés de cette aventure rocambolesque. Le rêve américain n’a donc désormais plus de secrets pour moi et le nanar non plus. Je devrais peut-être songer à inviter Philip Cook à mon prochain anniversaire, au moins on aurait des choses à se dire.


Plus on est de fous, plus on rit. Sur l’Écran Barge, tu trouveras toute une liste de critiques de films complètement DIN-GUES !

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le 7 juin 2023

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