Ce film, je l'ai manqué à sa sortie malgré l'intérêt qu'il suscitait chez moi.
Je savais que ce ne serait pas une séance facile aussi je ne voulais pas imposer cette épreuve à qui que ce soit qui puisse n'en faire le reproche. Etant fort occupée à cette époque, il m'a été impossible de me consacrer deux heures à moi même et à ma passion cinéphile dévorante, j'ai privilégié les séances accompagnées et laissé passer deux longues semaines avant de me décider à aller rencontrer Michel Franco et ses comédiens.
Depuis, le film m'attend. Il a attendu un déclic qui s'est produit la nuit dernière.
La rencontre DEVAIT se faire et ne POUVAIT plus attendre.
Je pensais voir un film puissant et dérangeant eh bien j'avais trouvé les bons adjectifs pour le qualifier. Ce fut un choc !
S'il ne traite pas d'inceste à l'instar de son premier long métrage, le réalisateur reste dans le domaine de la cruauté engendrée par une société malade.
Un homme et sa fille en deuil de la mère changent de lieu de vie pour faire leur deuil plus facilement. Ils quittent Puerto Vallarta pour rejoindre Mexico.
Pas de doute, nous sommes dans un film, qui en suivant ces deux personnages blessés mais solidaires, va traiter en douceur du manque de l'être cher disparu.
Très vite l'illusion temporaire ne tien plus.
Alejandra s'intègre dans son nouveau lycée pendant que son père s'occupe de l'ouverture prochaine de son restaurant.
Invitée par ses "nouveaux amis" à passer un week-end dans une villa, un écart de conduite va bouleverser la vie de la jeune femme et la transformer en cauchemar éveillé. Elle deviendra la victime résignée des frustrations de la communauté qu'elle cherche à intégrer.
Ce microcosme symbolise la société mexicaine dans son ensemble, qui semble être une cocote minute prête à exploser et dont la soupape de sécurité serait déréglée. La cruauté et l'ignominie y sont masquées par le vernis de la bonne éducation et de la "civilité", refoulées mais bel et bien là et elles nous sont exposées sans complaisance dans toute leur horreur. Entre modernité et archaïsme religieux le film montre une image du pays qui ne parlera pas à tous. La bonne société emplie de principes bigots n'en finit pas d'afficher une hypocrisie écœurante.
En soulignant de manière glaçante les dérives de la non communication (le père muré dans son silence se montre incapable de recueillir les confidences de sa fille) et de la communication virtuelle (réseaux sociaux) qui s'adresse à tous et à n'importe qui, Michel Franco a gagné le pari de l'audace.
Ce film est-il nécessaire ? Le cinéma a-t-il pour but (devoir ?) de montrer de telles choses à ses amoureux ?
Indéniablement ! Le septième se doit d'être utile et pas toujours agréable. Les témoignages ne font pas autant de recettes que la dernière comédie balourde ou le dernier blockbuster décérébré en date mais le divertissement, s'il est nécessaire n'est pas l'unique visée des cinéastes et heureusement !
Rawi
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le 25 mars 2014

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Rawi

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