Dès le début de sa carrière, Robert Wise démontrait une capacité à s'adapter à tous les genres, et c'est en 1953 que sort Destination Gobi, mélange de guerre et d'aventure où il nous fait suivre la traversée d'un désert durant la Seconde Guerre mondiale par un petit groupe d'américains, aidé par une tribu mongole et poursuivi par les Japonais.
Inspiré par une histoire vraie comme les aime tant Hollywood, Destination Gobi est plutôt anecdotique dans la longue carrière de Robert Wise mais se laisse tout de même regarder sans ennui et avec un intérêt constant. Le metteur en scène de Ciel Rouge rentre assez vite dans le vif du sujet et ne prend guère le temps de bien approfondir les personnages, préférant miser sur les nombreux rebondissements qui vont rendre cette traversée mouvementée pour tenir le spectateur en haleine.
Ce qui marche plutôt bien, grâce à un savoir-faire indéniable de Wise et un vrai sens du rythme, ainsi qu'un cadre plutôt intéressant. Si le traitement des mongols aurait pu être un peu moins lourd, ce n'est pas non plus préjudiciable, l'équilibre est toujours bon, que ce soit entre les personnages ou les tons. Malgré un sujet compliqué et dur, où les cadavres peuvent facilement se mettre sur le chemin des protagonistes, Wise inclut quelques moments de légèreté à son film, qui en général fonctionne plutôt bien. Par contre, si le début est vraiment réussi, la seconde partie, et c'est là le majeur problème du film, manque clairement de tension, puissance, émotion ou encore de moments forts, peine à nous faire vraiment ressentir ce que sont la guerre et les dangers qu'elle représente, surement dû à un manque d'ambition générale et préférant tendre vers un esprit plus léger...
L'oeuvre tient aussi sur les épaules solides de Richard Widmark et, dans l'ensemble, de seconds-rôles qui ont bien la gueule de l'emploi et sont ici irréprochables. Le contexte est plutôt bien exploité et Wise nous emmène bien au coeur de ce désert et de cette aventure dangereuse et sans répit. C'est d'ailleurs son premier film en couleurs et il met bien en avant les magnifiques paysages désertiques tandis que la bande-originale accompagne tout cela avec efficacité. Un mot qui résume bien le film, à défaut d'être génial et d'avoir un vrai souffle.
Destination Gobi représente surtout une curiosité, un film qui manque d'ambition par rapport à son sujet mais qui reste orchestré avec efficacité et savoir-faire, sachant être suffisamment bien rythmé pour éviter tout ennui, le tout étant emmené par de bons comédiens, Richard Widmark en tête.