Basé sur un roman d'Alistair MacLean, qui avait déjà inspiré les Canons de Navarone, John Sturges prouve son brio et son professionnalisme dans la mise en scène de ce film d'espionnage sur un sujet pourtant rebattu, alors qu'il est situé dans un domaine assez éloigné de son registre habituel, et plus à l'aise dans le western. Le budget fut important, le film pouvant se présenter comme un grand spectacle avec sous-marin et glaces polaires, et le succès fut au rendez-vous car c'était une parfaite illustration de la guerre froide, alliant fiction et réalité pour nous emmener dans une aventure qui veut sembler plausible.
On retrouve les éléments de cette période opposant les 2 blocs adverses Est et Ouest : groupe d'hommes en huis-clos, une mission difficile et secrète, le rapport de force entre Américains (et leur allié britannique) et Soviétiques... Les acteurs participent chacun dans leur registre à une tension latente : Rock Hudson incarne un commandant de sous-marin américain héroïque et au calme olympien, Patrick McGoohan est un espion britannique aux côtés ambigus et antipathiques, Ernest Borgnine joue aussi un type ambigu aux faux airs de gentil, et Jim Brown personnifie le militaire intransigeant.
Le récit est efficacement mené par Sturges, ça manque juste d'un peu plus d'action et d'un peu de punch, les rebondissements sont intéressants, mais l'ensemble est beaucoup trop long, le récit aurait tout aussi bien pu se résumer à 1h45 ce qu'il met 2h25 à raconter, l'important réside dans l'atmosphère tendue et le suspense. Malgré tous ces petits défauts, ça reste un bon spectacle, assortis d'effets spéciaux très réussis pour l'époque, notamment les scènes sous la glace et les décors de la station polaire réalisés en studio, c'est aussi un reproche qu'on peut faire à ce film qui sent un peu trop le décor caverneux de studio, mais l'illusion est quand même là. Un film un peu froid (on ne s'attache guère aux personnages) mais très correct.