Detachment n’est pas du tout le genre de film à voir un dimanche soir avant de reprendre une semaine de boulot quand on travaille dans l’enseignement ou le social. C’est pourtant ce que j’ai fait, et ça a bien lancé mon lundi.

Adrien Brody y joue un prof remplaçant qui arrive dans un nouveau lycée de merde, avec des jeunes démotivés et agressifs qui ont des parents démissionnaires et agressifs. Et il côtoie d’autres profs, démotivés et dépressifs. En plus, lui il est aussi un tout ptit chouia dépressif (mère suicidée lorsqu’il avait 7 ans, grand-père sénile toussa). Alors il a le bon réflexe, que tout à chacun aurait s’il subissait ce même genre de vie de merde : recueillir une prostituée mineure chez lui pour la soigner et l’éduquer.
Paf, ça c’est le pitch.

Il est clair que le film traite d’un sujet très délicat et tout à fait dans l’air du temps. C’est une sorte d’Entre les Murs américain mais en cent fois plus pessimiste. Les jeunes sont tous des cons, incapables de penser par eux-mêmes et les parents auraient mieux fait de se faire stériliser à la place du chat. Le film est entrecoupé de petits témoignages du personnage de Brody qui explique un peu sa façon de penser, c’est très réaliste, voire cynique mais franchement ça parle. Certes, Detachement appuie tellement le trait qu’il troue la feuille avec sa mine, mais j’ai la quasi certitude que dans certains lycées, américains ou français d’ailleurs, ça doit se passer comme ça.

Après, ce qui fait le petit plus du film c’est son casting. Outre Brody et son regard de cocker qui tente de faire coucou derrière son nez (je plaisante je t’aime Adrien), on retrouve l’excellente Marcia Gay Harden qui, à 53 ans, se demande sans doute encore quand est-ce qu’on va lui donner un premier rôle à sa mesure. On fait aussi coucou à James Caan dans un rôle succulent du prof désabusé mais qui tient bon et à Lucy Liu qui joue peu mais joue, ce qui surprend. J’ai cru qu’elle n’était qu’une actrice de série, et bien non, c’est une actrice tout court. Bon, je déplore tout de même l’apparition de Bryan Cranston que l’on voit en tout et pour tout deux minutes trente ! Une honte !

La réalisation est sympathique avec des petites incursions de dessins à la craie sur tableau noir très explicites sur ce que peuvent penser les ados ou les profs de l’école. Je regrette qu’il n’y ait pas assez de scènes en classe par ailleurs et que les rares soient un peu clichées. Mais j’ai apprécié le personnage de Brody à la fois dépassé, paumé mais sûr de ce qu’il fait. On ne sait pas trop pourquoi il est devenu prof, le sait-il lui-même ? On sent que c’est un type qui veut faire le bien mais que la société, les gens, les autres, lui renvoient que de la merde alors c’est un type bien qui devient un type triste qui nage dans la merde.

Sur ce bon film à tous ! A défaut de mouchoirs, prenez quelques cachets de Xanaz écrasés dans un demi-litre de vodka.
Before-Sunrise
6

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le 22 janv. 2013

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Before-Sunrise

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