La créature aux nénuphars.

Joli spectacle trop propre sur lui, le premier Detective Dee du prolifique Tsui Hark m'avait laissé totalement indifférent, peu emballé par ce qui me semblait être un wu xia pian destiné avant tout à un public occidental, bien loin des délires coutumiers du réalisateur de Il était une fois en Chine. Contre toute attente, le cinéaste accouche cette fois non pas d'une suite attendue, mais d'un prequel.

Que les amoureux du metteur en scène ne se fassent pas d'illusions, Detective Dee 2 n'a rien d'un retour aux affaires sérieuses pour Tsui Hark. L'ensemble est brouillon, bordélique, bien trop long, un peu trop clinquant et souffre notamment d'effets spéciaux numériques peu gracieux. Et inutile de préciser que l'absence d'Andy Lau dans le rôle-titre se fait clairement sentir. Zut, je viens de le faire.

Et pourtant, alors que je me préparais à m'ennuyer poliment, voilà-t-y pas que j'ai pris un plaisir tout enfantin à suivre Detective Dee 2. Conscient de ses énormes défauts, je les ai cependant mis de côté afin de mieux apprécier le délire inoffensif que me proposait Tsui Hark. Une histoire pas franchement claire mais au potentiel romanesque certain, un montage inventif à mi-chemin entre le manga, le livre pop-up et le jeu vidéo, une patine visuelle élégante à défaut d'être renversante, une poésie inattendue et surtout, une générosité à toute épreuve.

Car si Tsui Hark est un entertainer mangeant à tous les râteliers et se cassant plus d'une fois les dents, on ne pourra décemment pas lui reprocher de tenter de nous en mettre plein la gueule, de nous offrir un concentré d'action, de combats virevoltants, de créatures monstrueuses en tous genres, de complots dignes des Mystères de Pékin, le tout baignant dans une atmosphère surnaturelle franchement sympathique.

Alors que je n'en attendais absolument rien, Detective Dee 2 a été pour moi une agréable surprise, un plaisir immédiat et même pas coupable qui, malgré sa montagne de défauts, m'a donné envie de revoir le premier volet. Qui sait, cela passera peut-être mieux au second visionnage ?