Quasi-parfait dans la forme, quasi-parfait dans le fond.

L'Amérique face à ses démons. Ces récentes années nous avons assisté à de nombreuses polémique outre-atlantique concernant le racisme ambiant aux U.S.A. Émeutes dans les ghettos, afro-américains abattus sans motifs apparents par une police essentiellement blanche, résurgence des groupes extrémistes... L'élection du clown Trump n'a fait qu'aggraver la situation et il n'en fallait pas plus à Kathryn Bigelow pour s'emparer du sujet, caméra à l'épaule. Un peu facile diront certains... Non. Detroit analyse le passé et met à plat le présent. Pour le meilleur et malheureusement pour le pire.


Le film se déroule en 3 actes:
. Les émeutes à proprement parler.
. Les événements du motel Algiers.
. Le procès et ses conséquences.


Les émeutes vous explosent à la figure, sans prévenir. La tension accumulée pendant des années entre les ethnies noires et blanches se transforme en guérilla urbaine d'un réalisme saisissant. Tout est filmé caméra à l'épaule, le grain apporté à l'image plonge le spectateur au milieu d'une jungle ou tout sens commun à disparu. Un store levé devient un sniper. On ne réfléchit pas, on tire. Les noirs pillent leur propres quartiers. Un monde en furie sans début ni fin.


La tragédie du motel Algiers est la partie la plus prenante du film, la plus longue aussi. Peut-être même trop. On assiste à un huit clos étouffant, presque insoutenable. Le mur auquel font face les suspect est la parabole de leur vie: les yeux baissés, soumis,vivant dans la peur.
Le policier blanc, bourreau en chef (Will Poulter) est le diable incarné, une caricature extrême voir grossière pour certains du flic raciste. Mais ce personnage est d'une nécessité absolue, il se doit d'être la Némésis du peuple afro-américain: négrier, esclavagiste, adepte du lynchage... L'ignominie subie par les noirs durant des siècles canalisée dans un seul homme.
Un simple petit coup de feu a provoqué ce déchaînement de violence. Un noir imbécile qui tire à blanc à travers la fenêtre. La bêtise est partout. Mais peut-elle excuser toute cette barbarie que John Boyega, l'oncle Tom du film, tente d'éviter? Oui c'est un oncle Tom, un Tom qui veut avant tout sauver des vies tout comme plusieurs soldats de la garde nationale qui aide quelques suspects à fuir.


La dernière partie, le procès nous fait partager le sentiment d'injustice des victimes. On sait quel sera le verdict. Un procès trop vite expédier par la réalisatrice mais on a le sentiment que les victimes elles-mêmes souhaitent passer à autre chose. À quoi bon après tout?


Réalisation réaliste sublime, interprétations parfaites, reconstitution appliquée... Difficile de trouver de vrais défauts à Detroit. Ni noir ni blanc le film de Bigelow jouit d'un contexte évidemment favorable. Il illustre les différences culturelles entre blancs et noirs, les non-dits, un passé qui doit être résolu carte sur table. Tout est dans le regard... Cela dit il y a des facilités: l'explication des émeutes en soi par exemple. La ville de Détroit vivait dans un calme et une opulence relative contrairement aux autres grande villes américaines. Alors pourquoi ici? Je conseille à mes lecteurs de lire les écrits de Thomas Sowell pour mieux se faire une idée de l'ambiance d'antan qui n'était pas si tendue. De même, le clip d'introduction façon dessin m'a semblé très manichéen, heureusement que la suite lui donne tort.


Detroit marquera les esprits. Échec financier aux États-Unis, les français se sentiront-ils concerné? Il faut l'espérer.

Wynner92
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le 23 oct. 2017

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Wynner92

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