Beaucoup de films doivent encore se faire pour que les États-Unis se fassent la paix eux-mêmes. Son histoire est celle d'un pays né d'un génocide, construit sur les fondations de l'esclavage, qui fait toujours face aujourd'hui au paradoxe de son image de liberté et cet exemple extrême de société raciste, qui est l'Américaine.
Le racisme et surtout l'esclavage, est un sujet qui a toujours été un tabou aux USA. Dans l'éducation, la politique, mais aussi dans l'art, dans le cinéma.
C'est grâce à un certain film, appelé 12 Years a Slave et à son Oscar du meilleur film, qu'Hollywood s'est ouvert à parler de ce tabou si important dans l'histoire de l'Amérique.
Pour l’éducation, la politique etc. Ça c'est une autre histoire qui empire de plus en plus, grâce au monsieur orange.
Depuis sa sortie beaucoup de films sont sortis plus fréquemment sur ces sujets, comme Free State of Jones, Selma ou les récents Les Figures de l'Ombre et Moonlight ou même la série Américan Crime: O.J.Simpson. Et par surprise aucun de ses films, est réalisé par Spike Lee.
Certes, quelques mois avant la sortis de 12 Years a Slave, on avait eu droit à Lincoln de Spielberg, Django de Tarantino et Le Majordome. Mais aucun ne dénonce tellement cet épisode que les Américains veulent oublier que le film de Steve McQueen.
C'est au tour de Detroit maintenant pour faire face à ce tabou, mais plus sur la ségrégation raciale, qu'à l'esclavage. Un sujet qui aide à dénoncer la politique toujours actuelle aux USA.
Et bien sûr qui d'autre pour faire un tel film que Kathryn Bigelow, experte sur la dénonciation de plusieurs chapitres de l'Amérique, cette fois-ci ça ne sera pas la guerre mais le racisme.
Et elle le fait si bien, qu'on la reverra, encore une fois aux Oscars.
Une génie cette Bigelow, qui s'est fait un nom dans l'industrie comme la meilleure réalisatrice du moment, et plus comme l'ex-femme de James Cameron, elle est certainement meilleure réalisatrice que lui d'ailleurs, et une inspiration pour les femmes.
Enfin. Détroit, un film dur et violent comme à l'époque de ces événements.
Avec une réalisation que Spike Lee aimerait avoir pour un tel film. Une réalisation tendue avec un style documentariste, comme dans Démineurs.
Mais dans celui-là il y a un point de vue plus personnel et plus humain que dans ses anciens films, logiquement.
Un "huis clos" impressionnant dans un motel rempli de nerf, tension, intensité d'une expérience cinématographique sale avec des images puissantes.
Avec une photo, réal et montage son sublime. C'est du lourd.
Mais tout cela est accompagné par un immense casting. D'un John Boyega (qui n'est pas du tout l'acteur principal) assez bon comme personnage subjectif, mais vraiment les mentions spéciales sont pour Jacob Latimore et surtout Algee Smith.
Mais le meilleur (et qui pourrait être nommer aux Oscars), c'est Will Poulter et sa magnifique performance, qui nous arrache le peut d'humanité qu'on a.
Un magnifique film à voir absolument.
Note Final : 8