Des sirènes de polices s’échappent dans la nuit, les pillards vident les vitrines pendant que le bruit des cocktails molotovs et des coups de feux résonnent inlassablement. Des chars d'assaut s'engouffrent dans les rues étroites, ravagées par des jours de guerre urbaine. La peur est palpable, l'odeur du sang omniprésente , la répression est à son comble et plus personne ne semble pouvoir maîtriser la situation.
Nous ne sommes pas sur un théâtre de guerre, mais à Detroit, en 1967, alors 5éme plus grande ville étasuniennes. Les raisons de ce chaos ? Un ras le bol des populations noires de la ville, qui en ont marre de vivre entassé dans des quartiers en voie de ghettoïsation avancé, marre de devoir subir les méthodes expéditives de la police, marre de cette xénophobie rampante les empêchant de ne serait ce que toucher du doigt ce fameux rêve américain. Ras le bol exacerbé par la répression policière et l'absence de dialogues social.
Ce contexte, c'est celui de Détroit, nouveau film de Katrynn Biggelow qui depuis Maintenant Trois films (Démineurs & Zero Dark Thirty) est devenu un des cinéastes américain les plus politique. Détroit est la comme les autres pour mettre l’Amérique face a ses démons, et les lui faire regarder droit dans les yeux ! À l'image de tout un pan du cinéma américain actuel (Moonlight, 12 Years A Slave, Get Out, Les Figures de L'ombre, etc.), l’œuvre fait écho a celle du nouvel Hollywood des 70's qui n’hésitait alors pas a mettre en scène des sujets politiques et sociétaux forts et actuel dans des productions visant une large distribution.
La question raciale est au cœur du film et fait directement écho aux événements de charlottesville et au nombreux cas de brutalité policière reporté ces dernières années. La pellicule est à charge, et la ou certains pourrait y trouver une certaine formes de manichéisme, il s'en dégage plutôt une cohérence a toute épreuve. Son message ne doit pas s'encombrer de nuance mais bien marteler encore et encore que rien n'a changé au pays de l'oncle Sam. Tel Alex dans Orange Mecanique, le film nous maintient les yeux ouverts face a un flot d'image intense et insoutenables, comme si il essayait de purger l'Amerique de ses pulsions xénophobes et meurtrières.
C'est dans sa structure en trois actes que le film puisse sa force, cette manière qu'il a de d'abord poser un contexte sous forme de film choral, nous présentant ce théâtre de guerre urbaine si violent, cela avec une force quasi documentaire. Pour ensuite étudier à la loupe un événement en particulier. C'est d'ailleurs cette séquence se déroulant en huit clos et occupant la plus grande partie du film qui restera dans les mémoires comme un grand moment de cinéma, séquence provoquant plus d'effroi que n'importe quel film d'horreur tant il sonde avec froideur les cotés les plus sombres de l'esprit humain, Le personnage de Will Poulter, qui fait ici un travail extraordinaire, est un des plus effrayant qu'il nous ai été donné de voir tout genre confondu tant sa cruauté lui paraît normal, il ne fait que son travail et n’éprouvera jamais aucun remord ni remise en question.
Le Dernier acte du film a cependant du mal à s'imposer après une séquence aussi puissante, qui en l'état à déjà tout dit sur son sujet. Il n'en demeure pas moins indispensable puisqu'il s'attarde sur la parodie de justice faisant suite à l'affaire, Justice ayant toujours du mal à condamner des policiers et préférant briser définitivement les victimes, les condamnant à l'oubli et l'isolement pendant que leurs bourreau vivent une vie paisible.
Détroit est un film puissant et nécessaire qui jette un regard froid sur l'histoire américaine pour mieux mettre en avant l'absurdité de cette société et le peu de chemin parcouru en 50 ans.
Une vision d'horreur utile mettant plus que jamais le doigt sur une réalité qui ne devrait qu'être fiction.